2. Place et rôle du quartier dans les parcours socio-résidentiels.

Jusqu’ici nous avons délibérément peu parlé du quartier et beaucoup parlé des trajectoires individuelles : cette approche est conforme à la manière dont nous avons choisi d’appréhender les dimensions spatiales de la vie sociale dans cette thèse (Chapitres 2 et 3). Cette deuxième partie du chapitre est centrée sur l’articulation entre trajectoires sociales, parcours résidentiels et quartier. Quelle place et quel sens prend la séquence résidentielle dans le quartier pour quels individus et surtout quelles trajectoires ? Là est l’enjeu de cette section, compte tenu des grandes tendances dégagées précisément sur ces trajectoires. Dans une première section, on montrera que le Marais et le Village ne concentrent pas des expériences résidentielles homogènes. Si certains éléments communs traversent le corpus, deux effets viennent différencier les parcours d’entrée dans le quartier : un effet de contexte historique lié aux transformations des deux quartiers et un effet de contexte géographique qui distingue le Village du Marais. L’examen des motifs de choix du quartier montre, dans une deuxième section, que les significations du choix du quartier sont multiples et renvoient à des motifs parfois peu spécifiques aux populations interrogées, souvent typiques des gentrifieurs et liés aussi à leur statut homosexuel. Dans une dernière section, on présentera les configurations dominantes émergeant du matériau et permettant de comprendre le sens variable que prend la présence résidentielle dans le quartier dans les trajectoires : sur les deux terrains, le quartier apparaît alors comme le produit « de la convergence non intentionnelle de projets d’acteurs divers dont la diversité d’intentions débouche sur une solidarité d’effets » (Remy, 1983).