1.2.b. Des investissements plus originaux.

Le logement est aussi un lieu investi au sens où il est pratiqué. Nous avons choisi d’insister ici sur certains usages originaux du logement qui révèlent le rôle des appartenances sociales des enquêtés : professionnelle, socioculturelle mais aussi homosexuelle.

Pour plusieurs enquêtés, le logement est l’objet d’investissements professionnels qui détournent certaines fonctions traditionnelles du chez-soi. Comme pour plusieurs types de gentrifieurs (dont les artistes), l’imbrication des espaces professionnels et résidentiels favorise un usage atypique et un investissement plus fort du chez-soi : c’est surtout le cas pour les gaytrifieurs marginaux mais pas seulement. Silvio, barman et coiffeur à domicile peut ainsi accueillir des clients chez lui, dans le Village, ce qui suppose des aménagements particuliers. Emmanuel est comédien et « travaille » hors de chez lui essentiellement en soirée. La plupart du temps, il travaille ses textes et ses pièces en journée chez lui, où il donne aussi quelques cours particuliers de culture générale pour « arrondir les fins de mois ». Boris, styliste en free lance, travaille en partie chez lui où l’on trouve un mannequin au milieu de la pièce et des croquis affichés aux murs. Pour Frédéric, la carrière de critique de cinéma a permis de ne plus être obligé de se rendre au bureau pour écrire ses articles. Pour ce gaytrifieur de haut-rang, propriétaire et reconnu dans sa profession, travail et chez-soi se mélangent étroitement :

‘« Sinon y a un grand classique chez moi, c’est bosser dans mon lit, alors là en cette saison, c’est clair, les gens savent pas où tu es avec les mails, le boulot est fait, moi je me mets sous ma couette avec l’ordi et j’écris comme ça mes papiers, je peux être dans mon lit avec mon thé, plutôt que dans un bureau avec des cons qui me saoulent » (Frédéric, 39 ans, critique cinéma et scénariste, célibataire, propriétaire, Marais)

Ce type de pratiques montre que le logement peut être vécu sur un mode professionnel et que, réciproquement, le travail peut être vécu sur un mode privé et personnel, chez soi. On retrouve ici des usages du logement bien décrits chez des gentrifieurs de type culturels et des gentrifieurs marginaux (Bidou-Zachariasen, 2008 ; Collet, 2008). Ils sont ici facilités par la taille réduite du ménage et la possibilité accrue de pouvoir disposer d’un espace professionnel plus ou moins distinct à l’intérieur même de chez-soi et en plein centre-ville, à proximité de plusieurs réseaux professionnels propres aux activités exercées. De même, Tony et Vincent disposent en réalité de deux « chez eux » à quelques centaines de mètres l’un de l’autre : l’appartement qu’ils louent comme logement, rue de Sévigné et l’atelier de design, rue Charlot. Les circulations quotidiennes et biographiques entre les deux espaces articulent étroitement le chez-soi, la vie privée et le travail. Le fait de travailler en couple et de disposer de deux espaces confortables et aménagés selon ses goûts renforce ces liens. L’atelier est en réalité un grand appartement disposant d’une cuisine, d’un canapé-lit et d’une partie semi-privée : il arrive à Tony et Vincent d’y dîner, voire d’y dormir.

Chez soi, on peut également recevoir des visites, inviter et héberger des gens69, mais l’intensité de cet usage nous a semblé plus faible qu’attendu. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas de passage dans l’appartement, c’est bien là la spécificité de nos observations. Très souvent, le logement constitue ainsi une porte d’entrée collective dans le quartier à l’image d’autres catégories de gentrifieurs (Authier, 2001) : on y passe et on y reçoit avant d’en sortir pour investir le quartier. Les enquêtés évoquent abondamment les « rendez-vous » chez eux et les amis qui « passent à la maison avant de sortir dans le quartier ». Ces amis sont en l’occurrence souvent gays, ils n’habitent pas le quartier, et peu souvent un quartier central. Une pratique très fréquente, et propre aux gays et au quartier gay ici, consiste alors à recevoir ces amis gays chez soi avant de « sortir » dîner ou boire un verre dans le quartier, et très souvent dans un établissement gay. Le logement devient un « lieu de ralliement », voire même un « vestiaire » pour Gilles, qui habite tout près du Tango :

‘« C’est aussi le fait qu’on habite le Marais justement et la plupart de nos amis n’y habitant pas, c’est une situation centrale, située dans le quartier gay, ça fait un peu lieu de rendez vous quoi ! Oui, ici, bon c’est central, en général ça arrange tout le monde d’ailleurs, donc plutôt que de se retrouver dans un bar alors qu’on habite à 5 minutes, on préfère se retrouver ici, c’est le point un peu.de ralliement, c’est ça ! (rires) Par contre, ce qui arrive souvent c’est qu’on se retrouve ici, pour prendre l’apéro et puis on sort ensuite, plus tard quoi, mais on va pas se donner rendez-vous initialement dehors ou dans un bar, parce que maintenant on est plus tous jeunes hein, donc on va privilégier d’abord la discussion » (Alexandre, 42 ans, cadre commercial, couple cohabitant, propriétaire, Marais)
« Mais d’ailleurs c’est très pratique ici pour le tango, c’est le vestiaire pour nous parce que quand on va au Tango, les amis passent poser leurs affaires ici, et on n’est pas pressé, quand on veut y aller, on a juste à descendre, les gens ben, ils laissent leurs affaires chez nous avant et on y va ensemble » (Gilles, 40 ans, directeur informatique, en couple cohabitant, propriétaire, Marais)

À Montréal, la pratique du traditionnel « 5 à 7 », équivalent québécois de « l’apéro » parisien, peut obéir au même schéma. Nous l’avons expérimenté lors d’une invitation chez Gaël et Pierre, rue Plessis pour un « 5 à 7 » dans le fameux appartement rose. Il était prévu de se retrouver vers 17h chez eux, la plupart des convives étaient gays et n’habitaient pas le quartier : la soirée a continué dans un restaurant gay puis un bar gay du quartier. Deux amis gays vivant relativement loin du Village ont dormi chez Gaël et Pierre. Cet usage du logement est surtout associé aux réseaux amicaux où les gays sont surreprésentés. Il est aussi élargi à l’hébergement fréquent d’amis gays n’habitant pas la ville :

‘« Si y a bien une chose qu’on voulait c’était recevoir nos amis de province, qu’ils puissent venir, jeter leurs affaires et se sentir libre quoi, ça c’est vachement important pour nous de recevoir les amis quand ils viennent en week-end, y a plein de monde qui vient ici donc on leur passe les clés et ils se débrouillent. Tu vois ce week-end, l’ami qui était là, en général on le voit quand même une fois, mais là on l’a même pas vu, on a laissé les clés au gardien et on l’a même pas vu mais ça c’est très important pour nous, on veut que ce soit comme ça, et donc pour la chambre on peut pas faire autrement en fait ! [C’est-à-dire la supprimer pour agrandir le salon] » (Simon, 48 ans, psychiatre hospitalier, en couple cohabitant, propriétaire d’un appartement familial, Marais)

On peut d’ailleurs convertir économiquement cette pratique valorisant l’identité gay et la localisation centrale du quartier. Michel et Jean-Paul expliquent tous deux avoir loué leur appartement du Village à des gays européens durant les Outgames de l’été 2006 organisés à Montréal, équivalent gay des Jeux Olympiques. Le logement constitue ainsi un pivot relationnel et une porte d’entrée spécifique dans le quartier gay : il est investi collectivement par les gays comme lieu de ralliement et point de départ de pratiques du quartier.

Une dernière relation au chez soi se joue et se construit à travers le temps passé au domicile et à l’extérieur de celui-ci. Nous n’avons pas produit d’indicateur quantitatif de cette répartition spatiale du temps, choisissant plutôt d’insister sur ses significations subjectives. Le temps passé chez soi dépend d’abord des modes de vie et notamment des contraintes professionnelles et du type de ménage comme on l’a déjà vu. Il diminue lorsque l’on est cadre supérieur ou salarié à temps plein : on travaille très souvent hors de chez soi, les temps de travail et de déplacements augmentent et le temps passé au domicile se réduit. D’autres types de profils passent beaucoup plus de temps au domicile, en particulier lorsque l’activité exercée et le statut professionnel permettent de travailler, en partie au moins, à domicile (free lance, pige, journalisme, enseignement, professions artistiques). De même, pour les jeunes étudiants et les retraités, le temps professionnel diminue nettement et le temps passé au domicile augmente. Ce n’est donc pas au cœur des gaytrifieurs de haut-rang que le logement semble le plus investi du point de vue temporel. L’influence du statut conjugal est moins nette : si elle renforce les attaches affectives au chez-soi, elle ne signifie pas nécessairement que l’on passe plus de temps au domicile. Surtout, le temps passé au domicile et la manière de le percevoir informent sur les relations entre privé et public, entre logement et quartier, entre identité personnelle et identité sociale. De fait, le logement est souvent au cœur d’un arbitrage pratique, relationnel et identitaire entre visibilité et invisibilité, entre dehors et dedans.

D’un côté, le logement, situé au cœur du quartier gay et localisé au centre-ville constitue indéniablement une entrée privilégiée dans la vie urbaine et la vie homosexuelle. Pour de nombreux enquêtés, les modes de vie se caractérisent par l’abondance des sorties, des déplacements urbains, des activités de loisirs et de sociabilité extérieure au chez soi. Dans ce cas, le logement peut devenir un point de repère et d’ancrage des nombreux déplacements et des sorties mais reste un lieu où l’on passe pour dormir, poser des affaires, éventuellement manger, les usages du logement restant largement fonctionnels. Cet usage du logement correspond surtout à des périodes de vie généralement situées avant 40 ans et rappelle aussi des pratiques types des ménages solos de certains quartiers gentrifiés (Charbonneau, Germain, Molgat, 2009), comme dans le cas de Jérôme, dans son précédent logement occupé seul à proximité de Saint-Paul :

‘« Tous les soirs, tous les soirs, j’rentrais du boulot j’passais chez moi, j’enlevais ma cravate et j’rejoignais les copains au bar, jusqu’à ce que ça ferme » (Jérôme, 37 ans, directeur commercial, couple cohabitant, locataire, Marais)

Dans ce cas, le logement comme lieu de passage s’oppose au quartier comme lieu investi, pratiqué et familier. Il apparaît comme un sas d’entrée dans le quartier gay, voire la base-arrière d’une conquête quotidienne de la vie gay parisienne. De même, les cas de multi-résidence peuvent réduire le logement à un pied-à-terre durant certaines périodes biographiques ou certaines saisons. Carlos, propriétaire dans le Marais et à Montpellier, vit davantage à Montpellier l’été : l’appartement du Marais n’occupe que quelques journées de Mai à Septembre, il y passe « comme ça, en coup d’vent ».

Pourtant, le logement peut aussi apparaître très différemment en cours d’entretien et constituer un lieu de repli identitaire, pratiqué et vécu comme tel. Cet usage intervient lorsque la vie urbaine prend des rythmes et des formes excessives, lorsque les enquêtés manifestent une lassitude devant le trop plein d’animation du quartier, l’envahissement touristique et la surcharge homosexuelle des rues du quartier. Si les habitants gays apprécient beaucoup cette animation urbaine, notamment lorsqu’elle est de type gay, plusieurs entretiens montrent que l’espace privé fournit aussi un abris plus calme où l’on peut se retrouver et se protéger en partie des regards et des effets pervers de la surcharge des espaces publics locaux. Frédéric a des réseaux professionnels et sociaux très vastes dans les milieux du cinéma, de la mode, dans les milieux homosexuels et dans le quartier. Il prétend néanmoins et de manière très subjective, avoir « une vie assez solitaire » qui passe par le besoin de s’isoler chez lui, dans son « nid » :

‘« J’suis vraiment quelqu’un qui a une vie assez solitaire et j’ai vraiment besoin d’avoir mon nid, mon espace vital où je me replie et c’est hyper constitutif de ma personnalité, c’est ma limite mais c’est aussi une force, moi je peux passer 3 jours ici chez moi sans sortir » (Frédéric, 39 ans, critique de cinéma et scénariste, célibataire, propriétaire, Marais)

Plus encore, Emmanuel, comédien de 34 ans, ayant beaucoup fréquenté le Marais gay dans les années 1990, décrit un espace public qui ne lui « appartient plus », l’obligeant à rester chez lui le week-end :

‘« A partir du samedi après-midi, ce quartier ne m’appartient plus, c’est un nœud d’autoroutes, une sorte de Disneyland à ciel ouvert, et ça, c’est pas pour moi. Le dimanche ça a toujours été ça, le dimanche faut faire la queue dans la rue ! Dans la rue des Franc-Bourgeois, tu n’avances plus. Le dimanche à midi, c’est le brunch des bobos, les voitures, les poussettes. C’est très rare que je sorte de chez moi le dimanche sauf si je me lève tôt et dès le début j’ai compris que j’avais la chance d’être là, mais qu’il fallait le partager avec l’univers entier » (Emmanuel, 34 ans, comédien, célibataire, propriétaire, Marais)

Sur un registre théâtral, il décrit des stratégies d’évitement du quartier, la porte de derrière, l’immeuble et le logement formant la « coulisse ». Le vocabulaire théâtral évoque autant le métier d’Emmanuel que les métaphores goffmaniennes éclairant les « mises en scène de la vie quotidienne » (Goffman, 1973) :

‘« Comme j’ai cette sorte de traboule, je peux sortir par derrière, y a parfois l’idée que j’ai pas envie d’aller sur cette scène là, ou que j’ai pas envie qu’on m’y voie, parce que j’ai une sale gueule ou autres, donc je passe par la rue du Temple, qui est la coulisse pour moi. Y a le truc que quand tu sors de chez toi, t’es directement là, au centre de la scène, tu es exposé, c’est un espace sans intimité » (Emmanuel)

Ces manières de se protéger du dehors, de préserver son intimité et son identité jouent souvent sur deux registres : celui de la gentrification et celui de l’homosexualité. On peut ainsi dénigrer l’envahissement dominical des artères commerçantes du quartier qui drainent touristes, banlieusards et « parisiens en goguette » dans le Marais. Une mention spéciale est alors attribuée à « l’enfer de la rue des Francs-Bourgeois » qui alimente les critiques de presque tous les enquêtés parisiens. Elle rappelle les critiques formulées contre la popularité considérable de la rue Sainte-Catherine en fin de semaine dans le Village. La réanimation commerçante et piétonnière de ces rues, effet et levier de la gentrification, génère aussi, chez les gentrifieurs résidents déjà installés (y compris depuis peu de temps), le sentiment d’envahissement, de dépossession et d’oppression. Mais il est aussi question d’homosexualité, d’un sentiment d’être regardé, observé et jugé dès que l’on sort de chez soi :

‘« La sollicitation 24h sur 24, parce que je suis entouré de gays, donc dès que tu sors, tu peux pas…des fois tu te lèves le matin, tu vas chez le dépanneur, t’es pas coiffé et tout le monde toujours est aux aguets, ça, ça m’énerve […] Le pire c’est à l’épicerie Métro, je sors pour faire des courses et j’ai l’impression d’être dans un bar tout le temps »» (Silvio, 42 ans, barman et coiffeur à domicile, célibataire, locataire, Village)

Claude évoque cette ambivalence entre animation gay et sentiment d’oppression lié à l’humeur du moment et au contexte biographique :

‘« Selon l’état d’esprit dans lequel tu es, tu peux descendre sur Sainte Catherine, et ça t’énergise de voir tous ces gens qui marchent, qui rigolent, si tu es un peu triste, de voir tous ces mecs seuls en train de prendre un café, tu les sens en train d'attendre quelque chose, tu rentres dans un bar, tu peux avoir l’image d’un comptoir de viande fraîche, de gens qui cherchent de la viande fraîche, ou tu peux y rentrer deux jours après, t’es en pleine forme, t’es dans une envie de boire, de faire la fête, et là ce que tu vas percevoir sera très différent, c’est la fête, les gens qui veulent danser, mais quand tu marches sur Sainte Catherine, c’est ça que tu sens en permanence, tu sens toujours ces deux pôles d’attraction, cette euphorie, cette énergie, qui peut à la fois t’en donner ou t’en bouffer » (Claude, 36 ans, instituteur, en couple cohabitant, locataire, Village)

Le logement n’est donc pas qu’une ouverture sur le quartier : il constitue aussi un rempart éventuel et un lieu de replis face au « comptoir de viande fraîche » que peut constituer l’espace public d’un quartier gay. La relation au chez-soi est travaillée par ce rapport ambivalent et instable à l’ambiance locale et à l’homosexualité. Si le logement peut constituer une voie d’accès valorisée et valorisante à la centralité urbaine et à la centralité gay, il conserve également ses usages intimes et constitue aussi le lieu d’un repli individuel. Habiter le quartier gay signifie souvent disposer d’un double privilège : habiter à proximité de l’animation et des « siens » potentiels, mais aussi pouvoir s’en éloigner au moins provisoirement pour regagner son « nid ». Ainsi, l’investissement du logement n’est ni uniforme, ni nécessairement intense. À Paris, comme à Montréal, les relations au chez-soi sont influencées par les relations au quartier et le statut résidentiel. Les gays peuvent envisager le chez soi comme l’aboutissement d’un parcours, l’investir affectivement et en faire une ressource biographique, renforcée par sa localisation spécifique. Mais cette localisation et les manières de vivre son homosexualité peuvent aussi amener à définir et redéfinir les frontières entre espace résidentiel privé et espace public local. Le logement n’est plus un lieu investi en soi, mais un espace où se forment et se transforment des identités gays variées, tant du point de vue inter-individuel qu’à l’échelle biographique. Cette première section montre que le logement n’est pas qu’un espace physique stable dans lequel se déploieraient des homosexualités invariantes. Les investissements du logement dépendent de conditions et de ressources économiques différentes qui favorisent plus ou moins la valorisation du chez-soi et les transformations du stock de logement. Les modes de vie homosexuels produisent des contraintes et des rapports au logement particuliers : s’ils convergent vers des tendances dominantes pour l’ensemble des gentrifieurs, ils se singularisent par plusieurs aspects (aménagement intérieur, relation ménage-logement, sens de la propriété, de la conjugalité, relation entre chez-soi et espace public). Les investissements du chez-soi montrent qu’un cadre matériel et physique est imprégné par des parcours socio-résidentiels mais aussi informé par les biographies homosexuelles, notamment dans la relation entre logement et quartier. De ce point de vue, on doit à présent s’intéresser aux pratiques du Village et du Marais par les habitants gays.

Notes
69.

On reviendra plus tard sur l’ensemble des pratiques et des lieux de sociabilité (3ème partie de ce chapitre).