Annexes

Annexe 1. Les populations gays en France.

En France, le développement d’enquêtes statistiques sur les populations homosexuelles depuis le milieu des années 1980 a fourni un certain nombre d’indicateurs sur les caractéristiques sociologiques des populations homosexuelles, en particulier sur les gays. Cet annexe présente certains résultats concernant la sociologie des gays français depuis le début des années 1990, en comparaison notamment aux populations masculines hétérosexuelles. On utilise ici les résultats de différentes enquêtes présentées ci-dessous.

E.P.G. 1995, 2000 et 2004  : Enquêtes Presse Gay réalisées régulièrement par le biais des médias gays (presse écrite, puis Internet à partir de 2000). Les échantillons ne sont pas représentatifs de la population française mais sont de taille importante (entre 5000 et 6000 individus dans les dernières éditions). Nous utilisons les enquêtes de 1995, 2000 et 2004.
A.C.S.F. 1993 et C.S.F. 2006  : Enquêtes sur les comportements sexuels des Français conduites par l’INSEE. Les échantillons sont représentatifs de la population française, l’enquête porte sur l’ensemble des individus (homosexuels ou non) : elle est réalisée par téléphone mais fournit des échantillons d’homosexuels très réduits. Ici, on n’utilisera que les homosexuels ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes au cours des 12 derniers mois, ce qui réduit considérablement les effectifs interrogés en 1993 comme en 2006. En 1993, on compare ces résultats à ceux de l’échantillon « hétérosexuel exclusif » dont les résultats apparaissent entre parenthèses dans les colonnes « ACSF 1993 » des tableaux. En 2006, on indique aussi cette information lorsqu’elle est disponible.
R.G.P. 1999  : Recensement Général de la Population. On utilise les résultats en population générale pour rendre compte des spécificités des populations gays. On a retenu les résultats de 1999 pour « coller » à peu près aux dates des autres enquêtes.

Nous avons souhaité utiliser les enquêtes dont les protocoles méthodologiques nous semblent les plus assurés, ce qui explique par exemple la non-exploitation des résultats du « sondage en ligne » réalisé par Marianne Blidon dans sa thèse de géographie (Blidon, 2007a). Ces éléments visent à illustrer les propos du chapitre 1 sur les spécificités sociologiques des gays en termes d’âge, de parcours scolaires, professionnels, conjugaux et géographiques. Quatre tableaux synthétiques en donnent plusieurs exemples. Malgré certaines hétérogénéités dans les données et la formulation des questions, on constate que les gays ne sont pas sociologiquement des hommes comme les autres.

Tableau 1 : Âge et situation familiale des gays.
  EPG 1995 ACSF
1993
EPG 2000 EPG 2004 CSF 2006 RGP Hommes 1999
Moins de 25 ans 20% 19% (18%) 12,9% 13,3 % 12,7% 16,8%
25-34 36% 62% (49%) 41,8 33,5% 29,4% 18,2%
35-44 32% 30,3% 32,0% 31,8% 18,4%
Plus de 45 ans 7% 19% (33%) 14,9% 21,2% 21,7% 46,5%
Célibat 46% 71% (25%) 46 % 32,7%* _ 13,1%**
Vie en couple stable exclusif 26% 29% (75%) 19 % 51,4%* 25,7% _
Effectifs échantillon 2291 52 (2359) 4753 5936 113 23 071 366

* : Ces résultats de 2004 s’expliquent en partie par l’abandon de la notion d’exclusivité au profit du seul « couple stable ». La part des « célibataires » ne déclarant pas de partenaire stable est relativement faible également. Rappelons que le célibat légal chez les gays en 2004 est de 79,9%.
** : La définition du célibat comme fait de « vivre seul » fournit un chiffre très fragile ne rendant pas compte du célibat « réel ». La notion de « couple stable exclusif » a peu de sens au regard des données du recensement.

Tableau 2 : Niveau de diplôme et catégorie socioprofessionnelle des gays.
EPG 1995 ACSF
1993
EPG 2000 EPG 2004 CSF
2006
RGP Hommes 1999
Inférieur au Bac 19% 32% (67%) 16,7% 18,9% _ 70,2%
Bac et équivalent 21% 68% (33%) 21,7% 18,1% _ 11,9%
Etudes supérieures 60% 61,5% 63,1% _ 17,9%
Part des actifs
Dont….
99% 82% (92%) 80% 77% 91% 60,7%
AGRIC 0% 0% (4%) 14,9% 0,5% 1,9% 1,9%
ARTCOM 4% 35% (17%) 4,4% 5,2% 4,9% 5,1%
CSUP 40% 39,0% 39,0% 32,0% 8,9%
PROFINT 37% 43% (40%) 29,0% 23,9% 28,2% 13,0%
EMP 16% 20,0% 20,8% 17,5% 7,9%
OUV 4% 4% (31%) 7,3% 6,1% 15,5% 24,4%
Effectifs échantillon 2291 52 (2359) 4753 5936 103 23 071 366
Tableau 3 : Lieu de résidence des gays.
EPG 1995 ACSF
1993
EPG 2000 EPG 2004 CSF
2006
RGP Hommes 1999
Moins de 20 000 hab. 16% 9% (44%) 20,8% 21,6 % 24,8% 40%
20-100 000 hab. 14% 5% (11%) 20,0% 12,9% 14%
Plus de 100 000 hab. 25% 40% (28%) 32,5% 58,4% 37,6% 29%
Région parisienne* 45%* 46% (17%)* 42% 35% 24,7% 17%
dont Paris 33% _ 28,6% 23% _ 3,5%
Effectifs de l’échantillon 2291 52 (2359) 4753 5936 113 23 071 366

* : Dans les résultats EPG 1995, ACSF 1993 et RGP 1999, les trois premières catégories (moins de 20000 habitants, de 20 à 100 000 habitants et de plus de 100 000 habitants) correspondent à des villes de province. La Région parisienne et Paris ne sont donc pas comptées deux fois, mais distinguées dans ces trois colonnes.

Tableau 4 : Table de mobilité comparée des gays et de la population d’ensemble, 1995.
Tableau 4 : Table de mobilité comparée des gays et de la population d’ensemble, 1995.

Source : SCHILTZ Marie-Ange, « Parcours de jeunes homosexuels dans le contexte du VIH: la conquête de modes de vie », Population, n°6, 1997, p.1485-1537.