II. 2. 2. Des espaces dans les récits.

L’identification de trois espaces révélateurs de la quiddité du phénomène de peopolisation nous amène donc à un questionnement sur leur opérationnalité dans notre étude et dans notre corpus de récits médiatiques, mais plus encore, sur la place de l’espace dans le récit. Or, selon De Certeau, le récit est fondateur d’espaces259. Cette conception figure au cœur de notre recherche. En prenant le parti des forces plutôt que des places, nous nous intéressons non pas à des lieux mais à des espaces. La distinction repose précisément sur la prise en considération du mouvement. De Certeau définit le lieu comme « ‘ l’ordre, quel qu’il soit, selon lequel des éléments sont distribués dans des rapports de coexistences (…) Un lieu est donc une configuration instantanée de positions. Il indique une indication de stabilité ’ »260. Plus loin, il nous invite à comprendre que l’espace est un lieu pratiqué qui n’aurait ni univocité ni stabilité. Notre objet n’est donc pas de décrire des lieux mais de saisir comment dans leurs rapports avec les actants de narration et d’énonciation, ces lieux deviennent des espaces « ‘ animés par l’ensemble des mouvements qui s’y déploient ’ »261. L’espace est donc affaire de négociation, d’interprétation et de traduction. L’espace relève de l’action : « ‘ l’espace est un croisement de mobiles  ’»262. Plus loin, c’est la notion de paradigme qui va nous permettre de déplacer notre considération de l’espace, comme surface ou étendue, à une représentation idéelle dont relèvent les trois mondes.

Notes
259.

DE CERTEAU, 1990, ‘ op. cit ’. p. 182.

260.

Ibid. ’ p. 173.

261.

Ibid. ’ p. 173.

262.

Ibid. ’ p. 173.