III. 2. 6. Structures et rhétorique iconique des Unes People

[Figure 11 : Exemple de Une mosaïque]
[Figure 11 : Exemple de Une mosaïque]
[Figure 10: Exemples de Une "semi-mosaïque"]
[Figure 10: Exemples de Une "semi-mosaïque"]

Avec les titres ‘ Voici ’ et ‘ Gala, ’ Prisma Presse aura imposé « ‘ un style nouveau, une manière originale de conduire le récit à partir de l’image  ’»429, que les autres magazines suivront dans les années 90 et qui ordonne cette presse dans une logique de lecture zapping, décomposant les informations et créant une véritable interdépendance entre le texte et l’image. La logique de la lecture zapping est une nouvelle variable de distinction. En effet, la structuration des Unes répond à la structuration du contrat de lecture. Nous distinguons trois types de Une : la « Une Mosaïque », la « Une semi-mosaïque » et la « Une mono-picturale ».

La Une mosaïque suit pleinement la logique de la lecture zapping. Une multitude de photographies la composent avec une faible hiérarchisation de l’information par la taille et la place des photos. Cette structure est particulièrement utilisée par ‘ Voici ’, ‘ France Dimanche ’, ‘ Ici Paris ’, ‘ Public ’ et ‘ Closer ’. Les Unes que nous désignons comme semi-mosaïque placent de façon importante et évidente une information comme étant le cœur du numéro, la photographie illustrant cette information s’étend sur toute la page et devient ainsi l’arrière plan d’autres informations. Quelques petites photographies sont ajoutées sur les bords afin de présenter les autres informations présentes. C’est le cas des Unes de ‘ VSD ’, ‘ Gala ’ et ‘ Point de Vue ’.

Enfin, le dernier type de Une est exploité par ‘ Paris-Match ’. Il se compose d’une seule image. D’autres informations sont présentées mais sont seulement énoncées et non illustrées. Il nous faut noter que ‘ Paris-Match ’ peut adopter ponctuellement une structure semi-mosaïque mais utilise majoritairement la structure mono-picturale. Parallèlement, l’interdépendance entre l’image et la photo est niée dans ces deux derniers types de Une, les informations pouvant apparaître sans illustration, fait très rare pour les Unes mosaïques.

[Figure 12 : Exemple de Une mono-picturale]
[Figure 12 : Exemple de Une mono-picturale]
[Figure 13 : Exemples de Unes à l'esthétique "ronde" de Point de Vue avant le 28 janvier 2009.]
[Figure 13 : Exemples de Unes à l'esthétique "ronde" de Point de Vue avant le 28 janvier 2009.]

La séparation heuristique entre photographie convenue et « volée » suit cette distinction puisque nous repérons cette dernière de manière majoritaire sur les Unes mosaïque. Ici, deux éléments rentrent en jeu : les cadres ronds et la rhétorique de la photographie « volée ». Les cadres ronds sont absents des Unes de ‘ VSD ’, ‘ Paris-Match ’ et ‘ Gala430. Pour ‘ Point de Vue ’, notre étude souligne un cas particulier dans leur utilisation. En effet, depuis le 28 janvier 2009, plus aucun cadre rond n’apparaît en Une, alors que jusqu’à cette date, les cadres ronds servaient à toutes les photographies sur la Une semi-mosaïque de ‘ Point de Vue ’. Comme ces cadres ne semblaient pas insister sur le caractère de révélation, nous interprétons cette utilisation systématique du rond comme relevant plus d’une esthétique (symbolisée, par ailleurs, par le logo) que d’une rhétorique du flagrant délit ou du vol. De la même façon, ‘ Public ’ est le magazine qui exploite de la manière la plus forte les cadres ronds ; pourtant, les photos qui y figurent sont autant des photographies convenues que volées. Il apparaît dès lors que ces cadres participent à une esthétique « pop » du journal, c’est-à-dire jeune et dynamique. Finalement, ce sont ‘ Closer ’ et ‘ Voici ’ qui utilisent le cadre rond comme rhétorique pour signifier la ligne éditoriale d’une presse du secret. ‘ Ici Paris ’ et ‘ France Dimanche ’ le font également mais dans une moindre mesure.

Notes
429.

DAKHLIA, J. 2005. op. cit. p. 79.

430.

Du moins sur notre corpus de 155 Unes.