III. 3. 2. Quelle identité pour des êtres de papier ?

Une fois encore, une comparaison entre les réflexions de Lits et celles de Greimas, guidera notre réflexion, consacrée ici à l’identité. Chacun investit un concept, celui de personnage pour le premier et celui d’acteur pour le second. Une réflexion autour des différences et des similarités nous aidera à saisir l’identité des êtres de papier de notre étude.

Lits commence sa définition du personnage par ce qu’il n’est pas, c'est-à-dire qu’il n’est pas une personne réelle, il n’est pas un actant (car incarné et donc au niveau discursif) et il n’est pas un humain (il peut être incarné aussi par un non-humain)464. Partant, et à cet instant de la définition du personnage, nous pouvons appréhender le personnage de Lits et l’acteur de Greimas comme deux termes différents représentant une même idée. Cependant, très vite, la similitude s’arrête là. Plus loin, Lits considère le personnage à partir de propriétés récurrentes : le nom qui lui permet d’accéder à la vie, les attributs qui le caractérisent et qui vont lui permettre d’être différencié des autres, « ‘ de le situer et de le reconnaitre de page en ’ ‘ page ’ » et un mode d’affirmation (son inscription dans des paroles et des actions)465. On voit que, chez Lits, le personnage accède, par ces trois critères, non seulement à l’individualité mais aussi, à l’identité, ce que Greimas refuse. Il nous semble que cette distinction tient à la place accordée à la référence dans leurs considérations. L’identité de l’être de papier doit-elle être pensée avec le monde référentiel auquel elle renvoie ou doit-on ne la considérer uniquement constituée par lui et sur lui ?

Notes
464.

LITS, 2008, op. cit. p. 137.

465.

Ibid. p. 138.