Chap. IV. Hétérogénéité sémantique et confusion des mondes.

IV. 1. Des paradigmes aux mondes

Les trois mondes constituent, dans notre recherche, des espaces de significations permettant l’identification et la reconnaissance du phénomène de peopolisation. L’axe paradigmatique des récits décrit et fait la peopolisation en réinvestissant l’intériorité du phénomène, sa quiddité, comme ce faisceau de sens et d’unités qui permet de le reconnaitre et donc de communiquer à son propos. Cependant, au prisme d’une étude empirique, d’un objet particulier de description, ce faisceau n’est pas infini. Il nécessite une certaine entente, entre les actants d’énonciation, sur les possibles de la commutation afin que l’objet décrit soit reconnu, identifié et donc que la communication soit réussie. Dans notre second chapitre, notre propos sur les espaces procéda d’un déplacement idéel des mondes aux paradigmes. L’axe paradigmatique fonctionne sur le principe de commutation et ‘ in absentia  ’; il constitue un faisceau d’éléments mobilisables pour signifier l’objet narré. Les trois mondes révélateurs de notre objets d’étude sont des espaces de signification, des alternatives sur l’axe paradigmatique ; ils instituent une identification et une reconnaissance du phénomène de peopolisation et, plus loin, ils permettent de saisir sa traduction et son interprétation par le narrateur du récit. Désormais, et suite à notre investigation empirique, ce déplacement s’inverse pour s’opérer des paradigmes aux mondes.

L’identité médiatique constitue la réunion des axes syntagmatique et paradigmatique. Avant de s’attarder sur cette réunion, ce chapitre se consacre à l’axe paradigmatique. Mais, parce que l’identité médiatique est le résumé de l’ensemble des identités dont les procédures d’anaphorisation rendent compte dans chacun des énoncés de notre corpus mais aussi dans le rapport qu’elles entretiennent entre elles et avec l’instance d’énonciation, notre observation de l’axe paradigmatique sera transversale à l’ensemble des énoncés qui composent notre corpus sur la campagne présidentielle. Dans notre approche, fondée sur la sémiotique du discontinu dont le parcours génératif part du niveau le plus abstrait de la structure sémio-narrative vers le plus concret des structures discursives, les mondes sont saisis comme des unités minimales de la composante morphologique pour considérer leur manifestation dans les récits. L’investigation de ces unités minimales dresse un « portrait » de notre corpus à partir de ses termes et offre la possibilité d’élaborer un répertoire des récits dans leurs confrontations à trois isotopies sémantiques révélatrices de la quiddité de notre objet d’étude.