VII.1.3.1. La naissance de Zohra ou le bonheur d’être mère.

Aucun récit ne se focalise exclusivement sur la naissance de Zohra, ni sur l’annonce de cette naissance mais tous évoquent ses conséquences professionnelles et les critiques ou les attaques que subit Rachida Dati. Pourtant, quatre récits issus exclusivement de la presse people s’attardent plus majoritairement sur cette cérémonie et le bonheur qu’il peut susciter pour la mère.

Gala 813 « Le bonheur de Rachida Dati : Sa petite Zohra est arrivée »
Point de Vue 3155 « Zohra, la bonne étoile de Rachida »
France-Dimanche 3254 « Rachida Dati : Ronde d’amour autour de Zohra »
Ici-Paris 3314  « Rachida Dati : Zohra est née »

Le parcours thématique du bonheur est commun à ces quatre récits. La naissance de Zohra et donc la conjonction entre Zohra et Rachida Dati figure comme le programme narratif d’usage et comme Destinateur pour la conjonction de Rachida Dati avec le bonheur. Ce bonheur est justifié, pour ‘ Gala ’ et ‘ Point de Vue, ’ par la réalisation de « ‘ cette envie qui la taraude depuis une décennie ’ », de « ‘ son rêve le plus cher : devenir maman ’ » dont elle « ‘ rêvait (…) depuis ’ ‘ plus de dix ans  ’»1050, tandis que ce bonheur est jugé comme allant de soi par ‘ Ici-Paris ’et ‘ France-Dimanche ’: le fait de donner la vie étant signifié par ces deux hebdomadaires comme la « ‘ plus belle action ’ », la « ‘ plus intense des émotions ’ », qu’« ‘ aucune joie n’égale ’ »1051. La performance principale de ces articles réside donc dans le parcours thématique du bonheur, mais celui-ci n’est pas sans encombre puisque les narrateurs de ‘ Gala ’ et ‘ Ici-Paris ’installent des opposants à cette conjonction. Ces opposants relèvent de l’opinion, ils sont les rumeurs, les critiques, l’hypermédiatisation de sa grossesse, mais ce sont, cependant, des opposants en posture d’échec.

‘« Elle encaisse toujours, fière et indépendante. S’agace même durant ces mois de grossesse, qu’on la pense fatiguée alors que le fait de porter son enfant la galvanise »1052

La nuisance ratée de ces critiques au bonheur de Rachida Dati occupe une large part des propos d’‘ Ici-Paris ’. Celui-ci se débraye dans le récit comme à l’origine de l’annonce de sa grossesse et condamne ses conséquences médiatiques en se désolidarisant des auteurs de la médiatisation qui a suivi: « ‘ Nous avions été les premiers à l’annoncer en songeant à l’émerveillement que cette nouvelle allait susciter. Nous ne pouvions alors imaginer que cela allait engendrer une tempête médiatique qui allait souffler dans le mauvais sens  ’». Il y a alors les adjuvants au bonheur : le « ‘ Nous ’ » du narrateur mais aussi « ‘ le secret de son cœur ’ » et « ‘ tous ceux qui ont donné la vie ’ » qui affrontent les opposants : « ‘ la rumeur ’ », « ‘ Le magazine Gala », « ‘ les suppositions les plus déplacées ’ », « ‘ l’encre ’» qui‘ ’coule , « ‘ les questions, les attaques, les suppositions, les doutes ’ », « ‘ ces attaques, ces critiques, ces commentaires, ces remises en question ’ » et finalement, « ‘ le monde au-dehors  ’» mais la sanction du narrateur est sans appel : « ‘ elle a tenu bon ’ (…) ‘ tout a disparu. Là, dans cette chambre, il n’y a plus que cela : elle et elle ’ ». Mais, paradoxalement, dans la condamnation explicite des rumeurs comme des opposants au bonheur de Rachida Dati, l’hebdomadaire évoque le contenu de ces rumeurs et l’alimente par là même.

‘« Et sur cette bague qui a alimenté cent commentaires sans apporter de réponse à rien et surtout pas sur l’identité de l’être aimé. Pire cela avait été mis en doute : l’aimait-elle ? Allaient-ils se marier ? » 1053

Ainsi, ces quatre hebdomadaires construisent une figure de la mère comme celle qui a comblé un vide, un manque, ce plein permettant le bonheur. Dans cette optique, l’enfantement est signifié comme une part majeure dans la réalisation d’une femme, dans son épanouissement : « ‘ Le but de la vie, c’est de donner la vie ’ »1054. ‘ Ici-Paris ’interpelle, d’ailleurs, ses lectrices comme « ‘ celles qui ont donné la vie ’ », celles qui comprennent « ‘ l’émerveillement ’ », au risque de stigmatiser une partie de celles-ci : les ‘ non-mères ’. La naissance de Zohra comme la réalisation d’un rêve, d’un « ‘ désir incandescent ’ »1055 rejoint cette logique chez ‘ Gala ’ et ‘ Point de Vue ’: il y a désir parce qu’il y a manque, ce manque dévoile donc une femme qui n’est pas entière, pas réalisée, parce qu’elle n’a pas donné la vie. Il y a une glorification de la maternité et du désir d’enfant.

Point de Vue ’ opère, par ailleurs, une véritable investigation sur l’identité du père qui devient l’objet du récit de ‘ Public1056, ’ explorant la piste de chacun des hommes venus rendre visite à Rachida Dati et son enfant.

‘« A l’heure où nous bouclions, la ministre de la justice tenait toujours à garder son identité secrète. Et les nombreuses visites qu’elle a reçues depuis l’accouchement n’ont pas permis d’y voir plus clair. Certains sites affirment que le papa est l’ancien premier ministre espagnol José-Maria Aznar, mais ce dernier, qui a démenti l’information à l’annonce de la grossesse, ne s’est pas montré à la clinique… »’

Ces récits restent dans le confinement du monde domestique et du monde de l’opinion, mondes typiques de la presse people.

Notes
1050.

Gala ’ 813, ‘ Point de Vue ’3155, ‘ Gala ’ 813.

1051.

Ici-Paris ’3314 (x2), ‘ France-Dimanche ’3254.

1052.

Gala ’ 813

1053.

Ici-Paris ’3314

1054.

Ici-Paris ’3314

1055.

Gala ’ 813.

1056.

Comme l’indique le titre : « ‘ Rachida Dati : Elle entretient bien le mystère ’ ! »,‘ Public ’ 287.