VII. 3. 3. Conclusion : Politisation et peopolisation…

La politisation de la presse people ne tient que dans les attributs identitaires de ces nouveaux personnages qui tendent à devenir de plus en plus présents dans ce genre. Nous postulions au début de notre étude que la campagne présidentielle de 2007, moment fort de l’agenda politique, signe l’installation du processus de peopolisation, mettant fin alors aux questionnements par rapport à sa légitimité ou sa validité, ce qui permet donc de le définir et de l’inscrire dans l’espace public français. L’analyse de l’évolution de cette médiatisation, à partir de corpus people post-campagne, permet d’observer une réduction des disparités entre les titres peoples dans leur médiatisation des personnages politiques mais aussi un effacement des stratégies de déplacement du ‘ savoir-dire ’ et du ‘ pouvoir-dire ’. Cette politisation se confirme, par ailleurs, par une omniprésence des personnages politiques en Une de la presse people : seules onze semaines de notre corpus ne voient apparaître aucun personnage politique en Une des titres analysés. Cette analyse comprend finalement 533 Unes différentes, soit un total de 38,3% des 1395 Unes parues lors de la période envisagée. 25% de ces Unes peoples mettent en scène un membre de la famille Sarkozy dont la visibilité s’étend sur 121 semaines. La campagne présidentielle et sa fin, le verdict du scrutin et l’élection de Nicolas Sarkozy, ont permis l’installation de la politisation de la presse people par la mise en scène des personnages politiques dans cette presse. Pourtant, l’évolution dévoile que cette politisation n’était pas signée lors de la campagne et encore largement soumise à des stratégies permettant de détourner sa légitimité et sa validité, à partir, entre autres, du personnage people comme intermédiaire-médiatisant, mais aussi par la délégation du savoir-dire à des énonciateurs tiers.

Mais la médiatisation des hommes politiques dans la presse people ne constitue pas l’intégralité du processus de peopolisation. L’analyse des évènements montre que certains faits issus du monde domestique paraissent dans la presse quotidienne nationale, devenant alors un espace pour la mise en scène de la vie privée des hommes politiques. Pourtant, cette étude dévoile, également, des stratégies de médiatisation par le déplacement d’actions ou de personnages issus du monde domestique ou de l’opinion vers le monde civique comme justification du mouvement de peopolisation. Ces trois mondes, révélateur de la quiddité du phénomène, ont ouvert notre considération du mouvement vers les associations et les transformations-transpositions, opérées par le narrateur. Ces espaces, idéels ou naturels, sont avant tout des mises en scène de la part de l’énonciateur des récits qui, en les installant et les signifiant, performent la peopolisation. L’espace comme lieu pratiqué est donc indissociable du mouvement qu’il déploie, qui le signifie et le produit et finalement, la manière dont celui-ci donne une forme d’existence particulière à la peopolisation. Il est donc désormais temps de reprendre nos réflexions et résultats pour saisir la peopolisation comme une action afin de pouvoir, enfin, la définir.