5 Comme dans toute recherche qui porte sur un concept ou une notion, il n’est pas inutile de consulter tout d’abord les définitions qui sont classiquement données par les dictionnaires. Outre qu’elle fournit une première approche du sens commun, cette démarche permet, dans un second temps, de dépasser la banalisation et d’avoir un regard critique.
Concernant la volonté, on constate très vite qu’en raison de sa nature qui recouvre plusieurs états et manifestations, toute définition paraît malaisée et semble se limiter à une énonciation descriptive de celle-ci. Elle est ainsi couramment désignée comme « la disposition mentale ou l’acte d’une personne qui veut », « Ce que veut quelqu’un et qui tend à se traduire par une décision effective conforme à une intention » 9 , « la faculté de se déterminer à faire ou ne pas faire » 10 .
6 Chaque définition insiste cependant sur un point : la volonté apparaît bien comme ontologique, liée irrésistiblement à l’être en soi qui en est la cause. Elle ne peut être dissociée de la personne physique, en tant que personne humaine, corps et esprit. Le corps est le siège de la volonté, l’esprit est son guide. En somme, celle-ci est au cœur de ce qui fait l’Humain.
En outre, ces définitions posent aussi la question de la liberté de cette volonté, enracinée dans le sujet pensant et agissant. En effet, sans liberté, il n’y a pas de vouloir possible. Mais la liberté ne signifie pas une volonté souveraine de l’homme. La volonté est puissance de choix, en tant que pouvoir déterminé de se déterminer soi-même 11, ce qui la distingue du « libre arbitre », pouvoir indéterminé de se déterminer soi-même. Il importe donc de dissocier l’essence de la volonté et ses moyens d’expression. La volonté est acquise à la personne humaine sans condition, mais elle subit, dans ses manifestations, des restrictions imposées par le fonctionnement et l’organisation de la collectivité humaine. Tout comme il ne saurait exister de liberté absolue, il n’existe pas de volonté absolue. La volonté est à la fois individuelle et égoïste, collective et solidaire.
7 Au demeurant, est-on vraiment libre de vouloir ? La liberté de la volonté n’impose-t-elle pas en premier lieu de prendre conscience de ses limites et surtout de ses carences ? Dès lors, il importe, semble-t-il, d’user de sa volonté en ayant connaissance des causes qui la déterminent. C’est ainsi que tel acte ou telle décision pourra vraiment être libre.
Ces quelques réflexions mériteraient, assurément, des développements plus poussés. Mais ce qu’on souhaite souligner ici, c’est que la volonté est porteuse de la dignité ontologique de l’homme libre. Volonté et liberté entretiennent des relations privilégiées et étroites. Un tel cousinage devra servir de guide à notre recherche et d’appui à notre réflexion.
Définition de la « volonté » in Encyclopédia Universalis, p 813.
Définition de la « volonté » in Lexis Larousse de la langue française p 2027-2028.
A. Comte-Sponville, « Dictionnaire philosophique », PUF 2001 1ère ed.