34 Le pouvoir de l’employeur présente une double physionomie. Il est, d’abord et avant tout, pouvoir juridique : l’employeur dispose d’un ensemble de prérogatives reconnues et soutenues par la force du droit, ce qui lui permet notamment de produire des actes juridiques s’imposant au salarié. Mais le pouvoir patronal est aussi un pouvoir de fait, en raison de la position dominante de l’employeur dans la relation de travail et des moyens économiques et financiers qu’il détient 55. Cette double physionomie du pouvoir a forcément un impact sur les manifestations volontaires du salarié.
35 C’est donc un rapport inégalitaire et hiérarchique qui s’instaure entre le salarié et l’employeur. Le pouvoir génère nécessairement une contrainte sur celui qui le subit. Il impose, corrélativement, un retrait de la volonté de l’assujetti et une réduction de son espace d’exercice. Ce constat est ici aggravé par une asymétrie économique des protagonistes sur le marché du travail. Dès lors, pèse sur la volonté du salarié de sérieux doutes quant à sa liberté, son intégrité et son espace d’expression, ou à tout le moins, une suspicion légitime à l’égard du contractant dominant, l’employeur.
Aussi, l’objectif majeur de la législation du travail a-t-il été d’assurer la protection du salarié, partie la plus faible, contre les abus possibles du pouvoir.
Sur cette distinction, voir notamment E. Dockès « Le pouvoir dans les rapports de travail », Dr. Soc. 2004 p 620 et suiv. et « Huit notions fondamentales : le pouvoir », in Valeurs de la Démocratie, ed.Dalloz 2005, p 63 et suiv.