Conclusion Chapitre I

351 La faculté de choix du salarié en situation de modification du contrat de travail et les conditions de son expression participent sans nul doute au mouvement d’affermissement de la volonté du salarié en tant que cocontractant. Celui-ci se voit doté d’une véritable capacité de résistance face aux modifications contractuelles initiées par l’employeur. Sa volonté prend une densité nouvelle dans la dimension contractuelle de la relation de travail. L’exigence d’une manifestation claire et non équivoque de volonté, loin de contrarier son expression, devient alors un gage de son autonomie. Sujet de droit et cocontractant, le salarié s’éloigne de la figure traditionnelle du travailleur subordonné. Il bénéficie d’une capacité de réaction face à l’évolution du contenu de son contrat.

A peine énoncée, cette appréciation exige toutefois d’être nuancée. D’abord, l’espace d’exercice de la volonté du salarié, étroitement dépendant de la politique judiciaire, et de l’action du législateur, pourrait être élargi et plus consolidé qu’il ne l’est aujourd’hui. En témoigne notamment, la distinction contestable entre clauses contractuelles et simples mentions informatives. Ensuite, et surtout, la modification du contrat de travail sur l’initiative de l’employeur reflète l’influence du pouvoir, ce qui relativise le pouvoir réel de la volonté du salarié.

On veut cependant défendre ici l’idée que, grâce à la réactivation du principe de la force obligatoire du contrat, en contexte de modifications contractuelles, la figure du salarié cocontractant s’affermit. Partant, le contrat de travail tend à devenir l’une des principales limites du pouvoir de l’employeur et l’une des voies d’expression majeure de la volonté du salarié.