Conclusion du Chapitre Préliminaire

539 Avant de confronter la volonté du salarié au pouvoir de l’employeur, il est apparu indispensable, dans le cadre d’un chapitre préliminaire, de situer celui-ci, d’évaluer sa nature et son ampleur. L’objet des développements qui précédent n’était évidemment pas d’entreprendre une analyse stricto sensu du pouvoir -d’autres auteurs ont déjà fort brillamment mené une telle entreprise- mais essentiellement de le décliner comme source principale du retrait de la volonté du salarié dans la relation de travail.

Envisagé sous cet angle, la compréhension du pouvoir de l’employeur permet de saisir comment s’articule le processus de domination-soumission, les raisons du commandement et de l’obéissance dans la relation de travail, et la manière dont le droit s’en empare. Le pouvoir patronal s’enracine dans le rapport d’emploi et l’imprègne de telle sorte que la volonté du salarié n’est pas, directement, discernable. Il faut la débusquer « en creux », dans les interstices du pouvoir.

La logique de ce dernier repose sur l’action unilatérale qui s’exerce directement sur la volonté d’autrui. Aussi, l’exercice du pouvoir ne nécessite pas, intrinsèquement, le consentement de celui qui le subit puisqu'il a précisément pour objet d’agir sur sa volonté. Il suffit à l’employeur que le salarié lui obéisse. Telle est, au demeurant, la finalité de la subordination. Mais on ne saurait se contenter d’affirmer la soumission de la volonté du salarié au pouvoir de l’employeur. Encore convient-il de décrypter les signes et l’étendue de cette soumission.