Conclusion du Chapitre 1

691 La relation de pouvoir en droit du travail connaît une mutation profonde, due essentiellement à des raisons économiques, politiques mais aussi techniques et sociales. De nouvelles formes de travail apparaissent qui s’appuient, pour certaines d’entre elles, sur l’idée d’une autonomie plus grande concédée aux salariés. Parallèlement, le droit du travail éprouve lui-même des transformations profondes et reconnaît plus fréquemment aux salariés des droits d’exercice individuel leur permettant de disposer de moyens juridiques accrus face au pouvoir. Bien que d’inégale importance, ces droits favorisent l’expression de la volonté individuelle, d’un certain pouvoir décisionnel du salarié dans des domaines traditionnellement réservés au pouvoir exclusif de l’employeur. D’où une liberté et une responsabilité plus grandes pour le salarié. Il importe donc que le droit du travail soit à même d’assurer à ce dernier une sécurisation et des garanties suffisantes afin qu’il puisse exercer pleinement les droits qui lui sont reconnus. L’évolution semble aller dans ce sens, même si perdurent des résistances et des insuffisances.

Aux côtés des prérogatives individuelles du salarié dans le champ d’exercice du pouvoir de l’employeur, on observe un affermissement des droits du salarié en tant que personne titulaire de droits et libertés et riche d’une dignité intrinsèque. Cette évolution permet-elle d’élargir les capacités de choix et d’action du salarié et, partant, de dépasser le lien de subordination et la relation de soumission au pouvoir de l’employeur ? Le salarié, en tant qu’homme, peut-il plus facilement exprimer et défendre ses intérêts sur le terrain du pouvoir ? Quel est le rôle de la volonté du salarié dans ce processus ? Telles sont les questions que nous examinerons dans le second chapitre de ce Titre consacré à l’émancipation de la volonté du salarié.