Chapitre 1 : Des droits individuels et de l’action collective

738 Si on cherche à caractériser de la façon la plus large, ce qui peut être qualifié de droits individuels s’exerçant dans l’action collective, on soulignera qu’il s’agit de prérogatives individuelles qui dépendent de la décision de chaque salarié, de son libre arbitre. Mais les conditions d’exercice et l’objet de ces prérogatives doivent nécessairement s’inscrire dans une dimension collective. Telle est l’originalité fondamentale des droits ici concernés, qui mêlent étroitement initiative individuelle et visée collective.

Le droit de grève en fournit une première illustration éloquente. Mais, la liberté syndicale, par sa double dimension individuelle et collective, participe également de la catégorie des droits qui nous intéresse. En raison précisément de l’interaction qui existe entre l’individuel et le collectif, des rapports complexes se tissent tant entre la volonté individuelle du salarié et la liberté syndicale (Section 1), qu’entre cette volonté et le droit de grève (Section 2).

Alors que la grève comme la liberté syndicale auraient pu se concevoir selon une toute autre approche, négligeant la liberté individuelle, la conception du droit français, d’inspiration libérale, a accordé la primauté à l’auto-détermination du salarié dans l’action collective.