1-1-1/ Attention sélective

1-1-1-1/ Orientation de l’attention

Compte tenu du dynamisme et de la complexité de l’environnement routier, une importante quantité d’informations doit être prise en compte afin d’être ou non traitée. Par attention sélective, on entend un ensemble de processus assurant la focalisation des ressources attentionnelles sur des informations spécifiques afin d’assurer l’efficacité de leur traitement. Cette focalisation est non seulement rendue possible grâce à des processus de sélection et d’activation de l’information pertinente mais également grâce à l’inhibition du traitement des informations potentiellement perturbatrices. Les processus d’inhibition sont ainsi plus que nécessaires au bon fonctionnement de l’attention sélective.

Ainsi, le prélèvement d’une information fait l’objet de deux mécanismes coexistant. Le premier processus est facilement illustrable. Il nous est tous arrivé de nous promener tout en discutant avec un ou plusieurs amis et d’être soudainement attiré par le bruit d’un freinage d’urgence. Nous tournons automatiquement et de manière incontrôlée la tête en direction de ce bruit. Dans le cadre de la conduite automobile, il s’agit par exemple du regard qui est automatiquement attiré par une publicité saillante. Sans même réfléchir nous en lisons instantanément le contenu et nous en traitons l’information. L’attention est ainsi détournée de la tâche en cours vers cette autre source d’information. Dans ce cas, les données de l’environnement et la prégnance du stimulus rencontré dirigent l’orientation de l’attention. Aucune ressource attentionnelle n’est mise en jeu, les mécanismes impliqués sont automatiques (Kahneman & Treisman, 1984). Ce processus « bottom up » est rapidement mise en place et de courte durée, et suffit à interrompre l’activité en cours. Ce phénomène correspond à l’attention passive.

Parallèlement à ce type d’orientation, l’attention du conducteur peut être mobilisée volontairement. Il s’agit d’une orientation dite de type « top down » ou attention active. Ce sont les motivations des sujets ainsi que la nature de la tâche à réaliser qui mobilisent les ressources attentionnelles pour les orienter vers les éléments importants de l’environnement. Cela confère à l’attention active un statut particulier puisque c’est par son intermédiaire que le sujet pourra anticiper les éventuels changements dans l’environnement (Chapon et al. 2004). Contrairement à l’attention passive, les processus sont plus lents à se mettre en place mais une fois engagés, ils permettent de résister à la distraction. Durant un trajet, le passage d’un type d’attention vers un autre est commun. En effet, malgré les hypothèses que le conducteur émet et les stratégies qu’il choisit pour atteindre son but, il n’est pas exclu qu’un élément imprévu détourne son attention. A cet instant, l’attention passive se modifie en attention active bien que l’élément à traiter reste identique (Näätänen, 1992). L’attention sélective permet au conducteur de se focaliser sur les éléments pertinents. Durant l’apprentissage de la tâche de conduite, elle se traduit de deux manières. Il ne s’agit pas seulement pour le conducteur d’apprendre à rechercher l’information pertinente, mais il s’agit également et surtout d’apprendre à ignorer les informations moins importantes et inutiles pour l’activité de conduite (Näätänen & Summala, 1976). Tout cela permet d’arriver au rôle principal de l’attention sélective qui est de réhausser le traitement des informations pertinentes et d’inhiber les informations distractrices. Ainsi, comme pour l’ensemble des sous-tâches propres à l’activité de conduite, l’efficacité et l’orientation de l’attention sont liées à l’expérience de conduite. C’est en automatisant certaines sous-tâches que des ressources attentionnelles sont libérées au profit de sous tâches cognitives.

Une fois le rôle de l’attention active identifié, il s’agit de déterminer dans quelle mesure les informations prélevées vont être traitées. Ainsi, l’un des éléments clé de la définition James (1890), à savoir l’attention sélective, à générer certaines interrogations quant à la manière dont les informations sont perçues et maintenues dans la conscience. Est-il possible de prendre en compte plusieurs messages simultanément ? Les messages perçus requièrent-ils tous des ressources attentionnelles ? A quel niveau les informations sélectionnées par le système attentionnel sont-elles traitées ? L’information est-elle filtrée avant d’atteindre l’étape de la reconnaissance des formes ou y a-t-il une sélection ultérieure ?