1-1-2/ Partage attentionnel

La majorité des modèles structuraux, référencés sous les théories de l’entonnoir, explique ces difficultés ainsi que la limitation des capacités du système par l’existence de goulots d’étranglements. Ces derniers empêchent le système de traiter un nombre « illimité » d’éléments simultanément. Selon Kahneman (1973), ces modèles ne prennent pas en compte le caractère intensif du traitement lorsque la tâche nécessite un traitement en profondeur. Ils ne rendent pas compte des mécanismes impliqués et n’expliquent pas les baisses de performances liées au partage attentionnel. C’est ainsi que pour compléter ces théories, Kahneman (1973) introduit le modèle de ressources attentionnelles. Il s’agit d’un modèle de distribution de ressources entre les diverses activités mentales les sollicitant. Le système cognitif dispose d’un réservoir limité de ressources qu’il affecte délibérément entre les différentes demandes attentionnelles. C’est le système central de traitement de l’information qui évalue la demande faite par chacune des tâches et ajuste la quantité d’attention à accorder. Les baisses de performances relevées lorsque deux informations sont traitées simultanément sont liées à la capacité limitée du réservoir qui ne permet pas de traiter équitablement chacune des informations.

Ce modèle, comme les théories de l’entonnoir, prédit un risque d’interférence lors des situations de double tâche mais l’attribue à des causes différentes. Rappelons que pour les théories de l’entonnoir l’interférence se produit car c’est le même mécanisme qui est sollicité au même moment pour exécuter deux opérations incompatibles. Dans les faits, les deux types d’interférences se produisent et pour cette raison, les deux théories sont complémentaires.

Une théorie alternative à celle de Kahneman (1973), postule l’existence « d’une multitude de réservoirs attentionnels où chaque traitement viendrait puiser la quantité de ressources dont il a besoin sans rien consommer des ressources appartenant aux autres réservoirs qu’ils n’utilisent pas et qui peuvent donc servir à réaliser en parallèle d’autres traitements différents» (Camus, 1996). Dans cette perspective, Wickens (1984) propose sa théorie de ressources multiples selon laquelle les réservoirs de ressources sont constitués de quatre facteurs : les modalités d’entrée, les modalités de sortie, les niveaux de traitement et les codes utilisés. Un partage peut être effectué si les ressources nécessaires au traitement de deux informations proviennent de réservoirs différents. Les deux tâches seront traitées avec la même efficacité, sans subir la moindre dégradation. Toutefois, ce modèle reste à un niveau global et simpliste (Chapon et al. 2004). Il ne souligne pas la distinction et le rôle des processus automatique et contrôlé. De plus, cette théorie ne permet pas d’expliquer comment le traitement de deux tâches, utilisant des modalités sensorielles différentes puissent interférer entre elles.

Avant de clore ce paragraphe destiné aux processus attentionnels, nous nous devons de préciser et d’évoquer la différence entre deux types de traitements, ceux qui sont liés à des processus automatiques et ceux qui sont liés à des processus contrôlés.