1-2-1/ Rôle de la perception dans le traitement de l’information

Avant la mise en place des processus cognitifs de hauts niveaux, le système de traitement de l’information procède à une exploration perceptive de l’environnement. Dans notre champ de recherche, le conducteur doit extraire de l’environnement routier des informations qui lui permettront de prendre des décisions sur les manœuvres à effectuer. Cette phase est considérée comme la plus importante dans la chaîne du traitement de l’information puisque le déclenchement des phases suivantes dépend de celle-ci. Toutefois, nous exposerons brièvement la phase de perception, le paragraphe 3-5 présentera de façon plus détaillée les caractéristiques de l’exploration visuelle, selon que le conducteur est expérimenté ou novice.

L’environnement routier regorge d’éléments présents qui imposent une sélectivité de l’information de la part du conducteur. Dans ce contexte, les processus de rehausssement des informations pertinentes et d’inhibition des informations distractrices sont continuellement en action. L’efficacité de ces deux processus assure le tri et la sélection des informations. Chez les conducteurs novices, la perception est imprécise. L’inexpérience est caractérisée par une recherche d’informations limitées. Ces conducteurs ont tendances à concentrer leurs regards sur les zones proches du véhicule et sur les commandes. C’est l’expérience de conduite qui fournira au conducteur les compétences essentielles pour orienter sa recherche d’information vers les indices importants liés à l’interaction conducteur-véhicule-environnement. L’exploration perceptive, en devenant anticipatrice, reste toutefois influencée par trois facteurs : les facteurs liés aux stimuli (environnement), les facteurs liés au conducteur et ceux liés à l’activité de conduite. Les facteurs liés aux propriétés des stimuli réfèrent aux caractéristiques optiques de la stimulation présente dans le champ visuel (Neboit, 1980). Le regard du conducteur est attiré soit par la saillance du stimulus soit par les mouvements de l’élément repéré par la vision périphérique. L’expérience du conducteur influence également l’exploration visuelle. Plus le conducteur est expérimenté, plus « l’exploration visuelle se transforme et devient plus efficace, plus sélective, portant sur les éléments les plus pertinents de la tâche ». Enfin, l’exploration visuelle dépend de la tâche (Neboit, 1980). « Les variations de complexité de la tâche donnent lieu à des explorations visuelles différentes et spécifiques. Aussi, lorsque l’activité de conduite nécessite de mettre en jeu des mécanismes cognitifs importants, le poids des propriétés physiques des stimuli est faible par rapport au poids du programme d’exploration déterminé par le contenu cognitif de la tâche sur l’exploration visuelle » (Neboit, 1980). En effet, si le conducteur sait quelle information il doit rechercher et vers quel but il doit tendre, les effets d’une éventuelle distraction seront minimes, que la source de distraction soit saillante ou non.

Pour résumer, durant un trajet, un conducteur automobile doit extraire les éléments pertinents de l’environnement afin de les traiter pour prendre une décision appropriée. Pour cela, le système de traitement de l’information à recours à différents systèmes de mémoire et opèrera à l’aide des connaissances que le conducteur a emmagasinées. Nous expliquerons en profondeur ces derniers points lors des paragraphes suivants. Il s’agira de montrer comment et pourquoi le système de traitement de l’information s’appuie sur un système de mémoire. Nous verrons par la suite le rôle des connaissances et enfin nous terminerons par la manière dont l’échelle de prise de décision intervient pour arriver à l’exécution de l’action.