Limites du modèle d’Atkinson et Shiffrin (1968)

En dépit de son succès lié à sa simplicité et sa clarté, ce modèle modal est critiquable sur différents points. Tout d’abord, d’un point de vue théorique et fondamental, l’aspect sériel du modèle est remis en question par Craik et Lockhart (1972). Selon ces auteurs, la mémorisation d’un stimulus dépend du niveau de traitement qui lui est accordé. Plus un traitement est profond et élaboré, plus il sera facile de le rappeler ou de le reconnaitre. Le transfert des informations de la MCT vers la MLT a été également remis en question. Selon le modèle modal, la reconnaissance et le codage du stimulus a lieu avant le transfert des informations vers la mémoire à long terme. Toutefois, ces deux activités supposent un recours à la mémoire à long terme pour procéder notamment à une mise en correspondance des informations nouvellement perçues et les informations déjà stockées en mémoire à long terme. Ainsi, on sera amené à présenter ce processus par un traitement en boucle entre MCT et MLT. Un aspect que ne prend pas en compte le modèle d’Atkinson et Shiffrin (1968).

De plus, la lecture linéaire est sujette à débat dès le début de la chaîne. A cet égard, l’étape de détection dépend des caractéristiques de l’environnement et surtout de la tâche à effectuer. Elle est orientée par les objectifs de la tâche. Pour qu’une information soit détectée, elle doit pénétrer dans le champ perceptif et attentionnel de l’individu qui ne procède qu’à une exploration partielle et finalisée de l’environnement (Bellet, 1998). Même si certaines informations s’avèrent très prégnantes et saillantes, le sujet peut les occulter au profit d’informations, certes d’intensité moindre, mais plus précises et plus pertinentes pour lui. Grâce à ses connaissances, les informations seront attendues et traitées de manière privilégiée. La prise et le traitement de l’information sont ainsi dirigés par les concepts et les données. Ce sont ces mécanismes de hauts niveaux qui influencent la détection des informations. Le modèle modal ne rend pas véritablement compte de cet état de fait.

Toutefois, le modèle modal a inspiré d’autres modèles du traitement de l’information avec la mise en évidence des étapes successives entrant dans le processus de traitement de l’information à savoir l’étape de détection, d’identification, d’interprétation pour aboutir à l’exécution de l’action (Neboit, 1980; Van Elslande et al. 1997).

La présentation du modèle d’Atkinson et Shiffrin (1968) nous a permis d’avoir une approche globale du système de mémoire. Nous allons maintenant expliquer les différents mécanismes mnésiques existant.