La mémoire à long terme (MLT)

Les connaissances dont nous disposons sont variées, certaines dépendent du contexte dans lequel elles ont été acquises et d’autres dépendent de contextes particuliers. La notion de mémoire à long terme renvoie à notre capacité à conserver des informations stable et à les réutiliser longtemps après les avoir acquises. Contrairement à la mémoire à court terme, l’accès à l’information en MLT se fait de façon parallèle c’est-à-dire que nous pouvons accéder à plusieurs informations simultanément. Le mécanisme de base qui permet la disponibilité des informations à un moment donné est l’activation. Cette activation recouvre la disponibilité de l’information pour la tâche en cours mais ne correspond pas au souvenir conscient de cette information.

Dans ce contexte, le modèle ACT* (Adaptative Control of Thought) d’Anderson (1983)est tout particulièrement intéressant pour notre propos. Il s’agit en effet non seulement d’un modèle s’appuyant sur le concept de mémoire de travail mais également et surtout car cette théorie porte sur une distinction fonctionnelle entre l’activité mentale d’un individu novice et l’activité mentale d’un individu expert face à une situation donnée. Les novices résolvent les problèmes en utilisant des méthodes générales exploitant la mémoire déclarative alors que les experts peuvent exécuter des productions spécifiques à leur domaine d’expertise. Celles-ci sont alors déclenchées automatiquement dès lors que les conditions correspondantes sont remplies.

On retrouve dans le modèle ACT* les principaux aspects des systèmes de production à savoir un système de représentation des connaissances, une activité mentale dirigée vers un but et une mémoire de travail (interface entre ces deux éléments). C’est ainsi que l’on peut définir son architecture selon trois systèmes mnésiques : une mémoire déclarative, une mémoire procédurale et une mémoire de travail. La mémoire déclarative correspond à un réseau de concepts / de nœuds interconnectés. Elle stocke des informations conceptuelles (images spatiales, schémas) organisées sous la forme d’un réseau associatif. Les nœuds de ce réseau peuvent avoir différents niveaux d’activation c'est-à-dire que le niveau d’activation d’un concept détermine la probabilité qu’il soit exploité ou non. L’information stockée n’est pas liée à une situation spécifique, elle est récupérable et peut être exprimée sous forme verbale. La mémoire procédurale correspond à un stock d’actions potentielles et se présente sous la forme de règles de production. L’application de chacune des règles propre à des situations spécifiques est automatique lorsque la situation adéquate se présente. La description verbale n’est pas possible. La mémoire de travail contient ainsi des représentations du monde actuel ou de la situation donnée. Elle met en relation les registres déclaratif et procédural de la MLT. Elle est constituée d’informations en provenance de la mémoire déclarative, récupérées en fonction des besoins de l’activité mentale en cours. Les informations récupérées conduisent à un appariement entre les informations désormais stockées dans la mémoire de travail et les règles de productions stockées en mémoire procédurale. Cet appariement vise à déterminer l’action pertinente pour la situation actuelle.

Figure 4: Le modèle ACT*
Figure 4: Le modèle ACT*

Source : schéma tiré de Bellet (1998)

Le fonctionnement de ce modèle est relativement simple et repose sur quatre mécanismes. Le stockage de nouvelles informations c'est-à-dire la création et la mémorisation de nouvelles représentations en mémoire de travail. La récupération d’informations en provenance de la mémoire déclarative, le matching ou appariement qui permet de comparer le contenu de la MDT avec les prémisses des règles de productions stockées en mémoire procédurale (comparaison entre les informations activées en MDT et les informations contenues dans la MLT). Enfin, l’exécution qui correspond au transfert de connaissances entre la MDT et la MLT, conduisant ainsi à l’élaboration de nouvelles règles de production.

Pour être effectif, le système de mémoire, nécessite d’être alimenté. Lorsque l’on est amené à traiter une information, on se réfère aux données stockées en mémoire. Ces données correspondent aux connaissances dont dispose l’individu, à savoir tout ce qu’il sait et a acquis. C’est pour cette raison, que nous consacrerons le paragraphe suivant aux rôles des connaissances dans le traitement de l’information. Nous reviendrons sur une présentation des connaissances avant de présenter un modèle incontournable basé sur les connaissances et les représentations, à savoir le modèle de la conscience de la situation de Endsley (1995).