1-2-3/ Rôle des connaissances dans le traitement de l’information

1-2-3-1/ Présentation

Si l’on se réfère au modèle ACT* de John Robert Anderson (1983), les connaissances peuvent être scindées selon deux types : les connaissances déclaratives, relatives à ce que nous connaissons, et les connaissances procédurales relatives au savoir-faire et qui définissent l’action à suivre en fonction des situations rencontrées. Ces deux grandes catégories de connaissances vont nous permettre de mieux comprendre le rôle des connaissances dans le traitement de l’information. Il est évident que plus on dispose de connaissances plus les performances pour une tâche donnée sont satisfaisantes. En effet, un stock de connaissances suffisant génère la construction de modèles mentaux des situations qui sont essentiels au déroulement d’une action car ils correspondent aux mécanismes par lesquels nous sommes capables de générer la description de notre environnement. Les modèles mentaux aident ainsi à la compréhension et fournissent la procédure à suivre pour évoluer dans un environnement ou effectuer une tâche donnée. Ils sont les garants de la rapidité du traitement et de l’exécution d’une action et améliorent l’anticipation.

Dans le cadre de la conduite, le dynamisme et la complexité de l’environnement routier impose une capacité permanente d’adaptation. Celle-ci suppose non seulement la compréhension des éléments perçus mais également la capacité de projeter les situations à venir (Endsley, 1991, 1995). Dans ce contexte, les connaissances du conducteur fournissent une représentation de la dynamique de l’environnement routier et aident à prédire la manière dont les scénarii de conduite vont évoluer. Comme nous l’avons spécifié précédemment, le traitement des informations nécessaire à la compréhension de la situation dépend directement des connaissances acquises au cours de l’activité de conduite. En effet, c’est en confrontant les représentations du conducteur aux éléments de la situation de conduite qu’un traitement automatique de l’information est possible (J Rasmussen, 1986). Ces connaissances orientent en outre l’attention du conducteur sur les éléments pertinents de l’environnement (Endsley, 1995; Rasmussen, 1986).

La construction de modèles mentaux est tributaire de l’expérience de conduite. En effet, lorsqu’une situation rencontrée présente des similitudes avec de précédentes situations, seul un conducteur expérimenté aura des facilités d’interprétations. Chez un conducteur novice, la construction de modèles mentaux fait encore défaut.

Nous nous baserons sur le modèle de la conscience de la situation de Mica Endsley (1995) pour expliquer le rôle des connaissances dans le traitement de l’information car il s’agit d’un modèle « dynamique » qui permet de prendre en compte l’acquisition des connaissances pour parvenir à une prise de décision. Ce modèle est dynamique car il prend en compte l’évolution de l’environnement. Concrètement, ce modèle intègre les notions de mémoire (cf. I-2-2) et d’expertise (la conscience de la situation dépend du niveau d’expérience d’un individu). De plus, ce modèle nous permettra de comprendre comment des défauts d’anticipations sont liés à une charge de travail, à un défaut d’attention ou à un manque d’expérience (Endsley, 1995). Ce modèle fourni également une base pour différencier les conducteurs. Les conducteurs doivent être capables, entre autres, de prédire les comportements des autres conducteurs, et d’anticiper l’évolution de la situation en se basant, par exemple, sur les manœuvres des véhicules environnants.