1-3-2-1/ Perturbations au niveau opérationnel

Si l’on se réfère à la structure hiérarchique de l’activité de conduite proposée par le modèle de Michon (1985), l’impact d’une conversation téléphonique sur les performances du niveau opérationnel est mitigé. Certaines recherches, telles que celles de Brookhuis et al. (1991) ou encore celle de Liu et al. (2006) ne montrent pas d’altérations des performances en termes de qualité du positionnement du véhicule par rapport au marquage au sol, plus précisément par rapport à la ligne continue (Liu & Lee, 2006). Pour Lamble et al. (1999) il n’y a pas non plus de dégradation significative au niveau du contrôle basique du véhicule. Reed et Green (1999), à l’inverse, observent un impact significatif du téléphone sur la précision de la conduite (maintien de la trajectoire, contrôle du véhicule, etc.) essentiellement lorsque le conducteur cherche à passer un appel. Dans ce cas, la perturbation serait liée à des fixations plus longues en direction du téléphone.

Selon Liu et al. (2006), la distraction entraîne des freinages tardifs et de fait d’intensité plus forte. Les conducteurs réduisent leur vitesse, ne prennent pas le temps nécessaire pour marquer l’arrêt. Les interactions avec les autres véhicules changent. Pour ces auteurs, l’altération des performances de conduite pourrait être attribuée à la fois à une diminution de la qualité des processus de traitement et au phénomène de vision tunnel (cf. 1-3-2-3) induite par la charge cognitive.

Il a été également observé que l’impact de la conversation téléphonique sur les performances de conduite du niveau opérationnel n’est pas le même selon l’expérience de conduite. Selon l’étude menée par Greenberg et al. (2003) sur simulateur de conduite, il semblerait que les sous-tâches automatisées et acquises grâce à l’expérience de conduite ne soient pas dégradées significativement par la conversation téléphonique. Contrairement aux conducteurs expérimentés, les conducteurs novices sont davantage perturbés par la conversation téléphonique et des difficultés du maintien de la trajectoire se ressentent avec des violations de lignes plus fréquentes (Erick, Simons-Morton, Lee, & Neale, 2005).