Occurrence d’erreurs dans un environnement non familier

La probabilité de faire une erreur est d’autant plus élevée que le sujet évolue dans un environnement non familier. En effet, sur le plan cognitif, les erreurs peuvent provenir d’un dépassement des capacités de traitement de l’information (Van Elslande et al. 1997). La méconnaissance de l’environnement rencontré impose, à un instant donné, le contrôle d’un nombre important de paramètres qui doivent tous être traités efficacement alors que les ordres de priorités de traitement ne sont pas définis. Pour éviter l’erreur, le sujet doit optimiser les processus de traitement ; il s’agit d’automatiser les tâches routinières afin de traiter prioritairement les tâches non familières. L’erreur serait ici « l’expression de caractéristiques organisationnelles trop contraignantes (charge de travail, contraintes temporelles, etc.) qui rendent momentanément inefficaces les capacités d’adaptation habituellement efficaces de l’opérateur » (Leplat, 1985).

De plus, si l’on se réfère au modèle de Mica Endsley (1995) (cf. 1-2-3-2), l’erreur peut également être liée à un manque de connaissances. L’individu ne comprend pas forcément la situation rencontrée et ignore le comportement à adopter. Dans ce cas, les erreurs produites permettront d’enrichir le stock de connaissances et favoriseront ainsi la construction de modèles mentaux des situations. En effet, grâce aux erreurs effectuées, on se forge des connaissances importantes pour une réalisation parfaite de la tâche avec des possibilités d’anticiper les prochaines tentatives et de gérer au mieux les situations sources d’erreurs. L’individu emmagasine ainsi des informations aussi bien sur les comportements erronés que sur les situations où ils se produisent. La production d’erreurs est dans ce contexte bénéfique puisque l’augmentation du stock de connaissances témoigne du développement des compétences. En effet, avec une certaine expérience, il est possible de mettre en place des stratégies compensatoires lorsque les stratégies précédemment utilisées se sont avérées infructueuses. L’erreur ne doit donc pas être réduite à un simple aspect négatif synonyme d’échec. C’est par son intermédiaire que l’on acquiert les informations utiles pour cerner les propriétés d’un système et d’en comprendre son fonctionnement. Ainsi, une tentative pour réduire les erreurs lors de la phase d’apprentissage d’une tâche conduirait à restreindre les opportunités d’acquisition des connaissances. C’est en « explorant activement le système que le sujet acquerra de meilleures connaissances » (Leplat, 1999). « La formation des erreurs favorisent les activités d’exploration » (Leplat, 1999). L’exploration sous-entend ici une recherche active de la part du sujet pour développer ses connaissances.