Comportement basé sur les habiletés (compétences)

Un comportement basé sur les habiletés est typique de situations familières où les comportements à adopter sont automatiquement reconnus et les performances sensori-motrices associées exécutées sans contrôle conscient. Une simple stimulation, qu’elle soit d’origine interne ou externe, déclenche le comportement approprié à la situation. Les automatismes peuvent être liés à des activités de nature sensori-motrice, telle que la marche, ou de nature cognitive telle une énigme à résoudre (Leplat, 1999).

Le développement de ces automatismes dépend du niveau d’expérience. Comme nous l’avons déjà évoqué, plus le nombre de situations rencontrées sera élevé plus le sujet aura un stock important de connaissances et enrichira son modèle mental. La richesse des modèles mentaux favorise le développement d’automatismes et détermine inconsciemment la façon de réagir. En effet, chaque activité humaine est considérée comme un ensemble de séquences d’actions. Un modèle mental est ainsi composé de plusieurs scénarii correspondant à chacune de ces séquences d’action. Ces dernières sont isolées mais appartiennent toutes à un même programme exécutif. Les compétences correspondent ainsi à l’habileté à choisir parmi un large répertoire de sous-tâches automatisées l’action à entreprendre. A ce niveau, les erreurs sont soit des omissions soit des comportements inadaptés au contexte rencontré.

On peut illustrer ce niveau de performance par l’action de faire de la bicyclette. Chacune des sous-tâches (pédaler, tenir l’équilibre, diriger le vélo) fait partie d’un ensemble continu dynamique. Il s’agit d’une activité globale pour laquelle il est inutile de prélever des informations supplémentaires. Seules les informations destinées à mettre à jour la carte interne sont recherchées. Dans ce cas, le contrôle de l’activité prendra la forme d’une intention consciente pour mettre à jour le modèle du monde dynamique. Par exemple, par temps de pluie, le cycliste prendra en compte cette information afin de moduler ces compétences. Il continuera son activité avec cette donnée supplémentaire et il fera attention à la chaussée glissante. Faire de la bicyclette, comme toute autre activité est considérée dans un espace temps (Reason, 1993) où le système perceptivo-moteur agit comme un système de contrôle pour synchroniser l’activité avec les objets de l’environnement. Dans cet espace temps, les informations sont perçues comme des signaux c’est-à-dire des indicateurs quantitatifs, des données physiques, du comportement de l’environnement.