2-2-3/ Lien entre les deux modèles

Le point commun entre le modèle SRK et le modèle GEMS réside dans les différentes étapes relatives au degré de familiarité avec l’environnement. Le premier niveau, celui basé sur les compétences, du GEMS est relatif aux actions routinières dans un environnement familier. Il arrive cependant que certaines situations, pour lesquelles un recours attentionnel est nécessaire, ne puissent être réglées par des actions routinières. Ainsi, une des caractéristiques du GEMS est son recours préalable au niveau basé sur les règles pour essayer de résoudre le problème. Si le problème s’avère être mineur et que les règles fournissent immédiatement une solution, il y aura un retour rapide vers le niveau basé sur les compétences. Le cheminement se répétera autant de fois que le sujet rencontrera des difficultés.

Par la suite lorsque le système de résolution de problème ne trouve aucune solution convenable dans son répertoire basé sur les règles, il poursuivra avec un traitement basé cette fois-ci sur les connaissances. A ce niveau, les traitements sont effectués par analogies. A partir de la situation actuelle, on recherche la similitude parmi un ensemble de possibilités. Une analogie parfaite conduira à un ensemble de règles qui amènera l’activité vers un niveau de performances basées sur les règles aussi longtemps qu’il y aura recours à ces analogies particulières. Le cycle règle - connaissance pourra être répété autant de fois qu’il y aura de solutions à explorer.

Enfin lorsqu’une solution adéquate est trouvée, il n’y a plus besoin d’avoir recours au niveau basé sur les connaissances. Cette solution constitue un nouveau plan d’actions basé sur les compétences. Il est possible que le système de résolution de problème soit amené à accepter des solutions incomplètes ou pas forcément adaptées comme étant satisfaisantes malgré le risque d’arrêt prématuré de la recherche de solution. La conséquence est qu’une telle erreur ne peut être détectée automatiquement. Toutefois, dès qu’une erreur est détectée, le système bascule de nouveau vers un mode basé sur les règles. A cet instant, les signes et symptômes changent en conséquence de l’activité précédente, autorisant de nouvelles solutions basées sur les règles. C’est de cette manière que le contrôle de l’action bascule continuellement d’un niveau de performances à l’autre.

Le GEMS met en avant le rôle de l’expérience dans la prédiction des erreurs. Les erreurs susceptibles de se produire aux niveaux basés sur les compétences et sur les règles correspondent à des échecs lors d’actions routinières notamment en ce qui concerne la vérification attentionnelle. L’erreur la plus probable au niveau basé sur les règles est une correspondance inappropriée des patterns disponibles. Il semblerait que les formes d’erreurs soient déjà disponibles dans le répertoire de séquences d’actions ou de règles. Les erreurs basées sur les connaissances proviennent d’une interaction complexe entre le monde réel (la réalité) et un modèle mental incomplet. Il est plus difficile de prédire ce type d’erreurs. Il est seulement possible de repérer les facteurs situationnels qui contribuent à la production de l’erreur au niveau basé sur les connaissances. Selon le GEMS, la principale différence entre un conducteur novice et un conducteur expérimenté réside aux niveaux basés sur les habiletés et sur les règles. Selon Adelson (1984), les expérimentés ont une représentation de l’espace de problème plus abstraite que les novices. Dans le cadre de la conduite, les conducteurs expérimentés disposent d’une quantité plus importante de règles formulées à un niveau plus abstrait (représentations).

Les modèles précédemment exposés nous ont permis de comprendre l’action des mécanismes cognitifs et notamment la manière dont ils assurent le contrôle et l’exécution de l’action. Ces deux modèles mettent également en évidence l’origine de la production d’une erreur selon le niveau d’expérience d’un individu face à la tâche qu’il doit effectuer. L’intérêt est de pouvoir par la suite les mettre en relation avec l’activité de conduite afin déterminer les dysfonctionnements cognitifs qui ont mené à l’erreur, potentiellement source d’accidents lors d’un trajet.