Au niveau du maintien de la dynamique du véhicule

Nous supposions de moins bonnes performances pour les conducteurs novices que pour les conducteurs expérimentés en raison du faible développement de leurs compétences de conduite (Matthew & Mouran, 1986) et des performances meilleures en situations de simple tâche par rapport aux situations de double tâche.

Au niveau du maintien de la dynamique du véhicule, caractérisé par les variables relatives au débordement sur la voie opposée, par une vitesse inadaptée, par des freinages intempestifs, des hésitations, des précipitations à s’engager et des défauts de trajectoires, nous pouvons en partie valider cette hypothèse. En situation de simple tâche et lors de franchissement d’intersections de type TAD, la confrontation des performances des conducteurs révèlent de plus mauvaises performances chez les conducteurs novices. Dans ces situations, ce résultat coïncide avec la littérature et met en avant l’effet de l’expérience sur l’acquisition des capacités de conduite. En effet, les conducteurs novices sont toujours au stade d’apprentissage et cela se répercute au niveau cognitif par une importante demande de ressources attentionnelles qu’il faut assujettir aux sous-tâches de contrôle du véhicule. Progressivement, avec l’acquisition de l’expérience de conduite, les compétences nécessaires au contrôle du véhicule s’automatisent et libèrent davantage de ressources attentionnelles pour gérer les autres aspects de l’activité de conduite : la perception, le traitement de l’information ou la prise de décision.

Nous avons également voulu vérifier si les performances de conduite étaient meilleures en situations de simple tâche par rapport aux situations de double tâche quel que soit le groupe de conducteurs. Ainsi, au niveau de la dynamique du véhicule, les analyses nous ont montré que l’impact de la conversation téléphonique était différent selon le groupe de conducteurs. En situation de double tâche, les performances des conducteurs expérimentés sont significativement dégradées. Lorsqu’il s’agit des conducteurs novices, le maintien de la dynamique ne présente pas de différence significative entre simple et double tâche. Il semblerait que ce résultat contredise les données de la littérature notamment ceux de Redelmeier et Tibshirani (1997) pour qui le risque associé à l’utilisation du téléphone portable est plus important pour les conducteurs novices. De plus, en situation de double tâche, aucun effet d’expérience n’est perçu et il n’y a pas de différence significative entre les deux populations de conducteurs.

Ces résultats nous ont conduits à émettre plusieurs hypothèses. Nous pouvons tout d’abord nous interroger sur le niveau de performances. Lorsque le niveau de performance en simple tâche est bas, tel que c’est le cas pour les conducteurs novices, même avec une de conversation téléphonique, il ne descendra pas plus bas. Les performances ne pourront être plus faibles. Cette hypothèse est confortée par le fait que les conducteurs expérimentés ne présentent pas de différences avec les novices en situation de double tâche en ce qui concerne le maintien de la dynamique du véhicule. Une autre hypothèse peut également être envisagée. Les premières recherches sur les effets du téléphone portable ont été effectuées au début de l’apparition du téléphone portable dans les véhicules. De fait, son utilisation était encore une activité nouvelle pour les conducteurs rendant la gestion de la situation de double tâche difficile. Depuis, une nouvelle génération de conducteurs habitués aux nouvelles technologies est apparue. Il s’agit des jeunes qui utilisent le téléphone depuis toujours et quelle que soit la situation. Cette utilisation excessive du téléphone leur a permis de développer des automatismes qui pourraient faciliter la gestion des situations d’attention partagée. C’est ainsi que nous émettons une nouvelle hypothèse selon laquelle les conducteurs novices pourraient être moins affectés par la conversation téléphonique au volant.