3. Les romans du narrateur extérieur

Une écriture différente de celles d’Éva, de Claire et de Romanesques est adoptée dans L’Épithalame, Les Varais, Le Chant du bienheureux, ainsi que dans Les Destinées sentimentales. Même sile lecteur se trouve, de nouveau, face à des romans dont l’intérêt repose sur l’amour dramatique entre deux êtres unis dans la vie commune et les conflits quelle implique, il est privé d’écouter l’histoire de la bouche d’un narrateur implicite qui relate sa propre vie en mettant l’accent sur son bonheur ou bien d’un narrateur-témoin qui transporte le bonheur et le malheur du couple dont il partage la vie. Dans ces quatre romans, l’histoire échappe à l’itinéraire étroit de la vie à deux. Quel que soit l’effort pour constituer une vie privée au couple, l’histoire en est empêchée par l’évolution sociale. La figure des personnages se modifie ainsi : du couple isolé et enfermé dans sa vie privée, le roman passe à un couple pour lequel se mêlent vie sociale et intimité. Les événements sont relatés par une voix extérieure sans aucune relation avec l’action. En dépit de ce point commun, des modes narratifs différents sont adoptés dans la narration de chaque roman : tantôt la médiation de ce narrateur est visible, puisque le lecteur sait que l’histoire est racontée par un narrateur apparent qui ne dissimule pas sa présence - comme dans Les Varais et Le Chant du bienheureux-, tantôt la narration est moins apparente, afin de donner au lecteur l’impression que tous les événements se déroulent sans distance, sous ses yeux, en temps réel, comme s’il était au cinéma. C’est le cas dans L’Épithalame et dans Les Destinées sentimentales. Comment les événements sont-ils relatés pour mettre ces deux modes narratifs au service du bonheur que l’œuvre tente de refléter ?