6.3.2.1. Paradigme de référence : le jugement d’ordre temporel

Le test le plus couramment utilisé dans la littérature pour évaluer un déficit de traitement temporel a certainement été le test de jugement d’ordre temporel (JOT ou TOJ, Temporal order judgment), rendu célèbre par les travaux de Tallal et Piercy (1973, 1974). Ces travaux ont porté sur des dysphasiques. Deux stimuli identiques ou différents étaient présentés successivement, l’enfant devant indiquer s’il a ou non entendu la même chose (tâche de discrimination) et dans quel ordre (tâche de jugement d’ordre temporel). Les stimuli incluaient des sons non-verbaux courts ou longs, des voyelles brèves ou longues ainsi que des syllabes de type /ba/-/da/. La durée des intervalles inter-stimuli était longue ou courte. Les dysphasiques réussissent moins bien les tâches comportant des tons courts, des voyelles brèves ou des transitions consonne-voyelle brèves, surtout quand les intervalles entre les stimuli sont courts.

Ainsi, l’idée sous-jacente était de démontrer qu’un déficit unique, de nature perceptive mais éventuellement supra-modale, était capable d’expliquer un développement atypique du langage, postulant plus précisément une incapacité de ces enfants à traiter convenablement les stimuli brefs et en succession rapide comme cela est le cas à la fois des stimuli de l’épreuve de TOJ et des éléments de la parole humaine. Toutefois, toutes ces études portaient sur des patients ayant en commun des difficultés d’intensité variable, dans divers aspects du langage, mais les études ne portaient pas spécifiquement sur les troubles du langage écrit.