6.3.5.3. Cervelet et boucle auditivo-articulatoire

La faiblesse principale de la théorie cérébelleuse est probablement qu’elle ne rend pas compte de façon immédiate du trouble le plus unanimement reconnu comme crucial dans la dyslexie : le déficit phonologique. Une hypothèse séduisante à cet égard (Ivry & Justus, 2001 ; Nicolson et al., 2001) fait appel cependant au rôle primordial de l’articulation de la parole dans l’apprentissage de la langue. Pour ces auteurs, le chaînon crucial serait un déficit subtil de la mise en place précoce des aptitudes articulatoires qui provoquerait à la fois un défaut de la boucle articulatoire, altérant la mémoire phonologique à court terme et un trouble de la conscience phonologique, deux processus dont l’intégrité est nécessaire à un apprentissage normal de la lecture (Montgomery, 1981 ; Alexander et al., 1991 ; Heilman et al., 1996). Récemment, un seul travail a apporté des arguments en faveur de cette médiation articulatoire du déficit du dyslexique. L’équipe d’Uta Frith (Griffiths & Frith, 2002) a ainsi démontré que des adultes dyslexiques avaient significativement plus de difficultés que des témoins à associer des schémas représentant les positions de la langue et des dents pour chaque phonème avec le phonème correspondant, ce que les auteurs interprètent comme un trouble de la « conscience articulatoire ».