7.2. Insensibilité des enfants dyslexiques à la similarité phonologique graduelle

Une étude conduite auprès d’enfants entre 7 et 13 ans a montré leur sensibilité à l’importance de la différence entre une série de consonnes et une consonne déviante, en terme de nombre de traits phonologiques (Wehner, Ahlfors & Mody, 2007). Un stimulus intrus était présenté au cœur d’une série où une autre syllabe était répétée, et sa différence pouvait reposer sur 1 ou 3 traits phonologiques (les consonnes étaients présentées dans les syllabes /bat/, /kat/, /rat/). Les temps de réponses des enfants, qu’ils soient bons ou mauvais lecteurs, étaient d’autant plus rapides que le nombre de traits distincts était élevé. Les enregistrements en magnétoencéphalographie ont montré que les activations cérébrales accompagnant les premiers traitements acoustiques des stimuli ne diffèrent pas entre les groupes. Par contre, chez les enfants mauvais lecteurs, les auteurs observent une réduction de l’activation de l’hémisphère gauche dans la condition la plus difficile (celle où l’intrus ne diffère que par un trait). Alors que le traitement d’une différence entre, par exemple, bat et pat s’accompagne chez les bons lecteurs d’une activation gauche débutant à 50-100 ms et formant une pointe bilatérale autour de 150-200 ms, elle s’accompagne chez les mauvais lecteurs d’une onde bilatérale, plus tardive et plus nette dans l’hémisphère droit. Les activations cérébrales des enfants faibles lecteurs sont également atypiques parce qu’elles ne sont pas modulées par le degré de recouvrement phonologique entre l’intrus et son contexte. Au-delà d’une certaine sensibilité aux traits phonologiques, les enfants dyslexiques présentent donc des anomalies au niveau des activations cérébrales accompagnant le traitement de ces traits, avec notamment une implication démesurée de l’hémisphère droit (voir aussi Breier et al., 2003), sans doute parce que leurs mécanismes phonologiques ne se déroulent pas de manière classique.