Mécanisme d’inhibitions latérales dans le système phonologique et dyslexie.

Dans de précédents travaux (Bedoin, 2003 ; Krifi, Bedoin & Mérigot, 2003 ; Krifi, Bedoin & Herbillon, 2003), nous avons montré des effets de partage de traits phonologiques à l’intérieur d’un stimulus écrit unique chez des adultes bons lecteurs et dès le CE2 chez les enfants. Qu’en est-il chez les enfants dyslexiques ? Dans cette thèse, nous essaierons de montrer qu’au-delà de l’apport potentiel, et modeste, de quelques éléments à l’ensemble des recherches fondamentales développées à propos des traitements phonologiques en lecture, ces recherches peuvent aussi conduire à poser des hypothèses nouvelles concernant les déficits cognitifs à l’origine de difficultés persistantes d’apprentissage de la lecture. Ainsi, nous nous proposons d’évaluer la sensibilité des enfants dyslexiques au partage du voisement par les consonnes d’un stimulus écrit.

Nous faisons tout d’abord l’hypothèse que les enfants dyslexiques présentent sur ce plan des anomalies qui témoigneraient d’une absence ou d’un retard de la mise en place des relations d’inhibition latérale entre phonèmes ( Hypothèse 1 ).

De plus, nous proposons l’Hypothèse 2 , dans une perspective résolument pluraliste de l’étude de la dyslexie développementale, supposant l’existence de déficits cognitifs distincts à l’origine de deux types de dyslexie chez l’enfant : une forme dans laquelle les difficultés d’apprentissage de la lecture sont associées à d’importants troubles phonologiques, et une autre dans laquelle ces troubles phonologiques ne sont pas détectés avec les bilans, pourtant complets, réalisés dans les Centres de Référence des Troubles du Langage et des Apprentissages. Ainsi, nous supposons que les enfants dyslexiques avec trouble phonologique pourraient présenter une absence de sensibilité à des traits phonologiques en lecture, alors que le déficit des enfants dyslexiques sans trouble phonologique ne serait pas aussi radical. Ils pourraient par exemple ne souffrir que d’un retard dans l’établissement d’une organisation phonologique basée sur des inhibitions latérales. Sans réduire l’origine de l’un ou l’autre type de dyslexie aux seuls déficits dont nous cherchons à montrer l’existence, nous testerons donc l’hypothèse d’anomalies phonologiques distinctes chez les deux types de patients dans l’Expérience 1.