5.1.3. Résultats

Les tests binomiaux révèlent tout d’abord que, lorsque la ressemblance de mode est l’une des alternatives, celle-ci est choisie plus fréquemment que l’autre. Cet effet est significatif aussi bien dans la version visuelle (Binomial < .0001, p = .50) que dans la version audio-visuelle (Binomial < .0001, p = .50). Par contre, la ressemblance de lieu et la ressemblance de voisement guident chacune moins fréquemment les choix que les autres types de ressemblance en concurrence, respectivement (Binomial = .0003, p = .50 et Binomial < .0001, p = .50). Nous proposons en Figure 21 une représentation graphique des scores observés, transformés en pourcentages de choix. Ces résultats offrent une première approximation de la hiérarchie entre l’attractivité des trois critères proposés et font essentiellement ressortir la forte attraction exercée par le partage de traits de mode d’articulation comme critère de rapprochement des consonnes. Dans la version visuelle, le lieu d’articulation arrive en seconde position en tant que critère de ressemblance choisi, alors que dans la version audio-visuelle l’avantage du lieu sur le voisement disparaît(Figure 21 bis). L’analyse des données ne saurait cependant se limiter à cela, car la tâche étant toujours un choix forcé entre deux de ces critères, les trois mesures présentées ici ne sont pas indépendantes.

Figure 21 : Pourcentages de choix dont font l’objet chacun des trois critères d’appariement (ressemblance de mode, de lieu ou de voisement) dans l’Expérience 6a. Les pointillés représentent la valeur qu’aurait prédit un choix effectué au hasard (50%). Les barres d’erreurs représentent l’intervalle de confiance à 95%.
Figure 21 : Pourcentages de choix dont font l’objet chacun des trois critères d’appariement (ressemblance de mode, de lieu ou de voisement) dans l’Expérience 6a. Les pointillés représentent la valeur qu’aurait prédit un choix effectué au hasard (50%). Les barres d’erreurs représentent l’intervalle de confiance à 95%. (Version visuelle)
Figure 21 bis : Pourcentages de choix dont font l’objet chacun des trois critères d’appariement (ressemblance de mode, de lieu ou de voisement) dans l’Expérience 6a. Les pointillés représentent la valeur qu’aurait prédit un choix effectué au hasard (50%). Les barres d’erreurs représentent l’intervalle de confiance à 95%.
Figure 21 bis : Pourcentages de choix dont font l’objet chacun des trois critères d’appariement (ressemblance de mode, de lieu ou de voisement) dans l’Expérience 6a. Les pointillés représentent la valeur qu’aurait prédit un choix effectué au hasard (50%). Les barres d’erreurs représentent l’intervalle de confiance à 95%. (Version audio-visuelle)

Une analyse de variance à mesures répétées a été réalisée sur le pourcentage de choix de lieu avec le facteur intra-individuel Concurrence (ressemblance de mode, ressemblance de voisement). Elle nous apprend que, face à la ressemblance de lieu, la concurrence exercée par la ressemblance de mode est plus forte que la concurrence exercée par la ressemblance de voisement, et la taille de cet effet peut être considérée comme grande, F(1, 23) = 29.08, p < .0001, η 2 = 0.56. L’analyse de variance comparant le pourcentage de choix de ressemblance de voisement selon sa concurrence avec les ressemblances de mode ou de lieu montre que la ressemblance de mode exerce aussi une concurrence plus forte que la ressemblance de lieu. Bien qu’importante, la valeur êta carré révèle que la taille de cet effet est cependant plus petite que celle de l’effet précédent, F(1, 23) = 13.29, p = .0013, η 2 = 0.37. La présence d’une ressemblance de mode constitue donc pour les participants adultes un concurrent plus attractif qu’une ressemblance de lieu ou de voisement et cette dominance est particulièrement nette par rapport au voisement. Enfin, l’analyse qui compare l’effet de concurrence exercé par les ressemblances de lieu et de voisement sur la ressemblance de mode confirme, par un effet toutefois tout juste significatif, que la ressemblance de lieu constitue un concurrent plus fort que la ressemblance de voisement, F(1, 23) = 4.25, p = .0507, η 2 = 0.16, ce qui renforce l’idée d’une plus forte attraction des adultes par la ressemblance de lieu que par la ressemblance de voisement. Le Tableau XI (p.157) rappelle, pour les adultes et les enfants, les valeurs des êtas carrés pour ces trois comparaisons.

Dans l’ensemble, ces premières analyses font donc ressortir une préférence claire pour la ressemblance de mode, la ressemblance de lieu étant quant à elle plus attractive que la ressemblance de voisement. Des analyses complémentaires permettront de détailler le type d’attraction exercé par chaque catégorie de traits.