Et pour commencer…

De façon logique, cette thèse va s’articuler selon trois grandes parties.

Première partie.

La première partie débutera en préambule par l’origine de cette thèse, origine liée à une pratique de psychologue hospitalier et à la mise en place du dispositif VIRAGE. Les objectifs de cette thèse sont de deux ordres : la connaissance des auteurs de violences conjugales et les effets des groupes de prévention. Puis nous procéderons à une revue de la littérature portant sur les violences conjugales, leur dimension quantitative, leur contexte tant anthropologique que sociologique. De nombreux et importants changements sont en cours que nous essaierons de décrire dans les domaines du travail des femmes, des évolutions du couple, de la parentalité, de la paternité, de la place nouvelle de l’enfant.

Les auteurs de violences conjugales, qui sont-ils ? Peut-on distinguer plusieurs catégories d’auteurs ?

Deuxième partie.

La deuxième partie exposera, après l’analyse d’entretiens de sept hommes ayant fait l’objet d’une plainte pour violences conjugales et poursuivis dans ce cadre, les hypothèses de recherche, la méthodologie utilisée, et l’historique du dispositif VIRAGE. Les hypothèses nous amèneront à distinguer trois dimensions des violences conjugales : la dimension sociale et culturelle, la dimension du couple ou dyadique, la dimension intrapsychique.

Nous déclinerons séance par séance les objectifs, le cadre, le contenu et les effets des groupes en comparant ces éléments à d’autres expériences, étrangères et françaises. Le modèle choisi est de nature psycho-éducative.

Nous évaluerons les effets des groupes sur les récits des faits de violence, sur la récidive, sur le devenir du couple, sur les participants – quelques participants seront choisis pour approfondir ces résultats généraux.

Troisième partie.

Elle sera consacrée à la discussion des hypothèses. Nous serons amené à positionner le dispositif comme un moyen d’encadrement social, dans le contexte d’une gestion du risque – en l’occurrence la commande sociale est celle de la gestion du risque de récidive – et de la dangerosité.

Nous nous interrogerons sur le positionnement de la pratique de psychologue dans un tel dispositif, des effets qu’elle peut avoir sur les participants. Chemin faisant, à partir d’une réflexion sur les mouvements de la thèse, d’une analyse épistémologique, nous essaierons de montrer notre propre trajectoire. Nous appellerons de nos vœux le développement d’une psychologie sociale à la jointure du psychologique et du sociologique.

Nous conclurons cette troisième partie par la proposition d’un programme de prévention qui respecte les cheminements des participants tout en maintenant une intentionnalité de changement pour que le dispositif soit utile à une progression des couples et des personnes vers plus d’apaisement et de respect.

En conclusion, la question des intérêts et des limites d’un dispositif comme VIRAGE nous amène à nous interroger sur les dangers d’une approche centrée sur la gestion des risques, sur une approche exclusivement épidémiologique qui conduiraient d’une psychologie normative à une psychologie « disciplinaire ».