1.2. Les données de l’Observatoire national de la Délinquance.

En France, selon l’Observatoire National de la Délinquance (OND, juillet 2008), les violences conjugales représentent plus du quart des violences volontaires aux personnes (soit 25,6 % de l’ensemble des faits constatés de violences volontaires sur personnes de 15 ans et plus en 2007).

Plus de 47.500 faits de violences volontaires sur femmes majeures par conjoint ou ex-conjoint, ont été déclarés aux autorités en 2007 en France métropolitaine et dans les quatre départements d’outre mer.

L’OND évalue, en complément des données fournies par l’étude des dépôts de plaintes enregistrés par les services de Police et de Gendarmerie, à 2,3 % des femmes de 18 à 60 ans victimes de violences physiques, soit environ 410.000 femmes pour les deux années 2005 et 2006. Ce nombre est obtenu à partir de l’enquête annuelle de victimation « Cadre de vie et sécurité – 2007 » développée avec l’INSEE8. Cette méthode a permis d’interroger directement plus de 10.000 personnes de 18 à 60 ans. En 2007, cette enquête est la première et ne permet pas d’établir une tendance d’évolution. Cependant, le grand mérite d’une telle approche est de permettre la distinction entre fait établi et fait déclaré. Sur les 410.000 femmes victimes de violences physiques durant les années 2005 et 2006, environ 20 % ont déposé plainte.

Si nous comparons les chiffres obtenus par les deux sources, nous obtenons des données de valeur similaire et cohérente.

Annuellement, selon l’OND, le nombre de faits déclarés de violences conjugales serait d’environ 45.000. Le nombre de faits établis non déclarés multiplierait considérablement le nombre de faits de violences réels soit plus de 250.000 faits. Parallèlement, ce serait plus de 250.000 femmes majeures qui seraient victimes de violences conjugales soit en 2007, près de 2,3 % des femmes de 18 à 60 ans.

Qu’en est-il des violences subies par les hommes ? Aucun chiffrage officiel ne fait apparaître cette forme de violence, seule l’enquête de victimation « Cadre de vie et sécurité – 2007 » nous apporte des indications. Presque aucune victime de sexe masculin n’a déposé plainte pour faits subis de violence, bien qu’une estimation de cette même enquête porterait à 63.000 le nombre de victimes masculines, donnée non négligeable, extrapolée à partir des déclarations d’enquêtés.

Ainsi, le nombre de victimes féminines serait trois fois supérieur à celui des victimes masculines.

En matière de violences conjugales, il existe une forte disparité interdépartementale.

Si la moyenne nationale en 2007 est de 18,7 faits de violences pour 10.000 femmes majeures (la moyenne est de 14,3 en 2004), nous obtenons le classement suivant en cinq catégories:

Comment analyser cette disparité interdépartementale si ce n’est en faisant référence à des contextes socio-économiques particuliers ? A la présence d’une forte urbanisation ? A une population comportant des caractéristiques de fragilité sociale et économique ? Nous sommes donc amené à nous interroger sur le lien existant entre ces faits de violence et le déterminisme des facteurs sociaux.

Notes
8.

Il est important de noter les différences dans les données recueillies : les statistiques officielles de l’OND sont constituées de deux sources : l’une représente l’activité des institutions policières et judiciaires en terme de cas, l’autre – les enquêtes de victimation – représente des situations individuelles et comptabilise des victimes.

9.

Il est intéressant de noter que les deux départements (Saint-Denis et Guyane) comportant le plus de violences conjugales déclarées sont ceux aussi pour lesquels le nombre total de faits constatés de violences volontaires sur personnes de 15 ans et plus atteint son maximum.