2. Le contexte anthropologique et sociologique des violences conjugales.

Les chiffres sur les violences conjugales montrent un phénomène social collectif d’envergure même si les différences propres à chaque situation ne sont pas négligeables. On est donc en droit de se demander si les rapports homme/femme ne seraient pas marqués naturellement du sceau du conflit, de l’affrontement. L’amour ne serait pas un sentiment idyllique mais un sentiment traversé par l’ambivalence. Amour et haine, amour et jalousie (Durif-Varembont, 2002b), amour et adultère (Houel, 2004), amour passionnel et désir de meurtre (Houel, Mercader et Sobota, 2008). Désenchantement de l’amour ? L’amour serait-il le seul domaine propice au désenchantement ? Les sociologues actuels, de Baudrillard (1970) à Touraine (1982) en passant par F. Dubet (2002), et Castel (2003), nombreux sont ceux qui ont pronostiqué les lendemains du désenchantement, la fin des grands récits, des grandes idéologies, célébré la solitude d’Ego face à lui-même.

Constatant le grand nombre de violences conjugales, on peut s’interroger sur la vie en couple qui évoluerait naturellement vers des faits de violence au terme de crises, de disputes. Le « couple violent » comporterait-il des caractéristiques spécifiques, sociales et/ou psychologiques ? La violence au sein d’un couple est-elle fatale destinée, symptôme ou cause ? Peut-on déceler des signes avant-coureurs de cette violence ?