1. Analyse des entretiens avec sept auteurs de violences conjugales

1.1. Présentation du contexte de ces entretiens.

Ces sept personnes, de sexe masculin, ont tous fait l’objet d’une plainte en tant que mis en cause, de la part de leur conjointe pour violences conjugales. Une enquête de Police a été diligentée par le Procureur et le Procureur nous a adressé ces personnes dans le cadre du dispositif VIRAGE.

Ces sept mis en cause que nous avons choisi de désigner par un prénom d’emprunt ont été invités sans connotation d’obligation en janvier 2006 comme 25 autres mis en cause, à venir à la Maison de Justice et du Droit de Saint Etienne afin de leur présenter le dispositif VIRAGE en préalable à la mise en place d’un groupe. L’invitation n’avait aucun caractère obligatoire. Dix-huit personnes sur vingt-cinq ne se sont pas présentées.

Le cadre officiel de l’entretien, marqué du sceau de la Justice, a certainement orienté le récit de ces personnes vers des aspects défensifs, biaisant éventuellement l’exposé des faits, biais habituels chez des personnes mises en cause. L’un de ces biais réside probablement dans la minimisation des faits. Un autre biais réside dans l’adoption d’une position victimaire, sur laquelle nous reviendrons plus loin. Ces biais nous entraîneront non pas à définir les faits mais à chercher un contexte, une problématique. Nous n’aurons aucune volonté ni aucun moyen de vérifier les faits et réalités exprimés lors des entretiens.

L’analyse de ces entretiens menés dans le cadre de la Maison de Justice et du Droit de Saint-Etienne nous conduira à mettre en évidence les différentes problématiques illustrées par chacun de ces hommes. Nous reprendrons, dans un second temps, par une approche synthétique, les éléments communs aux entretiens.

Le cadre de ces entretiens fut le suivant : il s’agissait de présenter à chacun, individuellement, les objectifs des séances de groupe auxquelles il était invité. Le temps d’une heure d’entretien a permis à chacun de faire le récit des faits qui lui sont reprochés et aussi d’exposer la situation d’impasse socio-conjugale dans laquelle il se trouvait à ce moment là.

Avec l’accord de chacun, les entretiens furent enregistrés et retranscrits par nos soins. La retranscription de ces entretiens figure en annexe de cette thèse. Chaque entretien portera un prénom d’emprunt : Sali, Morad, Serge, Léon, Jacques, Amin, et Bekri.