1.2.6. Amin.

Amin est âgé de quarante-six ans et exerce la profession de restaurateur. Il a trois enfants, une fille de seize ans et deux garçons de douze et treize ans. Il est Français et originaire de l’Ile Maurice.

D’emblée, Amin campe le décor : « J’avais un petit peu bu. Ca n’allait pas bien dans le couple. Je suis restaurateur et Madame travaille aussi au restaurant. Je pense que ça faisait trop après. Si je l’ai tapée, c’est parce qu’elle m’a un peu poussé aussi ».

Amin reconnaît, embarrassé, l’avoir tapée plusieurs fois. Son épouse lui reproche d’avoir des liaisons. « Elle parle, crie, elle s’énerve ! ». Lorsqu’elle va parler de divorce alors Amin va la frapper. « J’ai dit ça fait mal, arrêtez, arrêtez, calme-toi. Maintenant, elle est plus agressive que moi ! » Amin et son épouse vivent séparés. Le divorce à un moment demandé par son épouse est actuellement suspendu. Amin reconnaît l’importance de l’alcool dans l’ensemble de la situation actuelle.

Amin a été jugé au mois d’octobre précédent. La sanction a été de trois mois de prison avec sursis accompagnés d’une amende et d’une mise à l’épreuve. Face à l’alcool, Amin minimise les faits. Pour lui, la boisson est occasionnelle même s’il boit régulièrement. L’on perçoit dans les propos d’Amin les contraintes que représente le restaurant, contrainte de temps, d’activité et aussi contrainte mentale. L’épouse d’Amin participe fortement à la réussite du restaurant familial. Le rythme est tel que ni l’un, ni l’autre n’ont le recul nécessaire dans une situation qui évolue inexorablement vers une impasse. Pour Amin, c’est la jalousie de son épouse qui est à l’origine des faits, jalousie injustifiée selon lui. Amin a frappé plusieurs fois, chaque fois il s’excuse : « C’est parti tout seul ! ». L’épouse dépose des mains courantes par deux fois, puis au moment du divorce elle porte plainte. Amin prend conscience de la situation. Le dépôt de plainte a été induit par des coups portés par Amin car il réclame à son épouse les clés de l’appartement familial pour y passer la nuit. Il a bu. Il est condamné à verser huit cents euros de pension.

Amin comprend que la situation devient dramatique après la plainte et le jugement : « Plus question de rigoler … Se séparer, c’est facile à dire. Pour l’accepter … ». Amin ne sait plus où aller et il doit donner cette somme de huit cent euros … « Je lui ai dit il ne faut plus travailler ensemble. J’ai des amis, j’ai des copines, c’est vrai, elle les connaît. On va en discothèque, on danse, on vit quand même bien. ». Et les enfants ? « Ils disent simplement arrêtez de vous disputer !… Je suis ferme avec les enfants, il faut qu’ils fassent la vaisselle (au restaurant) sinon je les tape. ». Amin continue en parlant de sa propre famille : « J’ai perdu mon père, j’avais quatorze ans. » Amin laisse entendre qu’il y avait des disputes à l’intérieur de la famille où ils sont six enfants.