1.3.4.3. Le cas de Léon.

Le troisième cas illustrant la problématique psychologique, c’est le cas de Léon. Léon présente l’ensemble des facettes psychologiques des auteurs de violences conjugales, telles que l’on les a recensées dans la littérature :

Le récit de Léon est un récit désespéré – nous commenterons plus loin ce terme de désespoir – mais un récit sans affect. Léon n’est pas un infirme de la parole, au contraire, en confiance il parle volontiers de lui. Il parle de ses ruptures avec ses enfants, avec ses proches et sa famille. Actuellement il est licencié et au chômage, autres ruptures. Il parle de son couple comme d’une obligation. Est-il heureux ? Le cynisme qu’il manifeste en permanence permet d’en douter.

Nous ferons l’hypothèse que ses ruptures nombreuses et diverses l’amènent à ne pas montrer ses sentiments, par peur de la frustration et de l’échec. Au fur et à mesure de l’entretien, Léon exprimera une profonde dévalorisation de lui-même. Davantage qu’un manque d’estime, il manifestera une totale vision négative de lui-même. Léon ne montre aucune capacité de tolérance, dans la relation soit il attaque, soit il fuit, et sa fuite se noie dans l’alcool.

Léon impressionne par sa vision extrêmement pessimiste de l’avenir. Ce qu’il décrit est une somme incessante de problèmes, de ruptures et de conflits. Les idées suicidaires sont présentes, manifestes lors du coup de fusil, latentes lors de l’entretien. Son père s’est suicidé. S’en est-il attribué une part de responsabilité ? Difficile à dire car un seul entretien ne peut suffire pour entrer dans cet évènement.