1.4. Confrontation des résultats des entretiens avec la littérature.

Les facteurs sociaux (catégorie professionnelle modeste, instabilité professionnelle, difficultés économiques, surendettement, précarité du couple, alternance de périodes sociales favorables et de périodes difficiles…) constituent un déterminant dans les conflits conjugaux pour lequel nous proposons de donner la qualification de déprivation psychosociale à l’instar du concept psychologique de Winnicott. L’enquête ENVEFF mentionne cette alternance de précarité et de stabilité comme particulièrement caractéristique des situations de violences conjugales.

De même, la configuration du couple, son mode de communication ou son absence de négociation intraconjugale, viennent accentuer l’intensité de ces conflits (J-C Kaufmann, 1992, 2007). Lorsque l’un des partenaires, en général l’homme, se cantonne dans une attitude d’évitement systématique, évitement passif de silence ou évitement actif en étant absent du lieu conjugal par une activité professionnelle ou une autre activité fortement prenante, le conflit non résolu se perpétue.

La problématique culturelle récemment mise en évidence par G. Neyrand (2002) et A. Hammouche est intéressante pour analyser les situations des couples d’origine étrangère ou les couples mixtes. Cette approche éclaire sous un jour spécifique certaines situations de conflit en produisant un large effet amplificateur.

La dynamique intrapsychique a été mise en évidence par de nombreux travaux dont Labasque (2006) a fait une revue exhaustive. Cependant on peut faire une critique à cette approche, celle de se vouloir indépendante et exclusive des autres approches. Les entretiens indiquent qu’il convient de considérer ces approches comme complémentaires, dont l’articulation est sans cesse à intégrer.

Les facteurs intrapsychiques s’alliant à des facteurs sociaux nous amènent au concept d’impasse socio-conjugale. Cette situation d’impasse est celle où se trouve le couple lorsque les partenaires ressentent l’impossibilité de continuer leur vie commune de la même façon que lors de leur rencontre, mais sans avoir la possibilité de trouver une solution à leur conflit. Cette situation d’impasse précède les actes de violences, actes de violences qui peuvent constituer une issue à l’impasse de leurs relations.

Nous voulons, dans cette thèse, apporter une confrontation de ces approches. Nos hypothèses prendront en compte l’ensemble des dimensions des violences conjugales.