3.2.3.1. La phase expérimentale.

La première phase expérimentale (2002 – 2004) comporte 107 mis en cause convoqués. La deuxième phase (2005 – 2008) en compte 293 soit un total de 400 mis en cause sur la période de six ans. Tous ces mis en cause ont fait l’objet d’une plainte transmise au Parquet pour violences conjugales.

Source : construit par l’auteur

Il faut lire le tableau 13 ci dessus de la façon suivante :

- Pour constituer le premier groupe, après réception des 17 premiers dossiers adressés par le Parquet, nous avons envoyé une lettre d’invitation à ces 17 personnes.

• Onze personnes sont venues à l’entretien préalable.
• Six ont participé à la totalité des séances.
• Deux personnes (non comprises dans les six) ont abandonné en ayant participé à moins de cinq séances.

Au niveau de la constitution du cinquième groupe, parmi les participants présents à moins de cinq séances, figure une femme qui, orientée par le Parquet pour violences sur son conjoint, a participé à deux séances de groupe. Nous avons inséré cette femme dans un groupe d’hommes après nous être interrogé sur l’intérêt et l’efficacité d’une telle orientation. Notre réflexion actuelle nous conduirait à proposer à une femme, si une telle situation se représentait, plutôt des entretiens individuels, ou si le nombre de candidates le permettait, l’intégration dans un groupe exclusivement féminin. Car il nous semble que la problématique tant sociologique que psychologique est a priori différente de celle masculine.

Le rapport sur la criminalité (2008) mentionne quelques chiffres sur les violences commises par les femmes sur leur conjoint. Le chiffre donné par la Préfecture de Police de Paris pour l’année 2007 est de 8,2 % des faits constatés. La gendarmerie pour la même année donne un pourcentage de 16,6 %. L’enquête de victimation « Cadre de vie et sécurité » (2007) estime à 127.000 le nombre d’hommes victimes de violences de la part de leur conjointe ou de leur ex-conjointe sur les deux années 2006 et 2007, soit environ 63.000 par an. Cette évaluation est trois fois moindre que les violences déclarées par les femmes, alors que pour les faits de violence en général, hommes et femmes déclarent ces faits dans la même proportion. Le taux de plainte des hommes est inférieur à 5 %.

Ainsi, en résumé, durant la phase expérimentale, 107 hommes ont été orientés par le Parquet sur le dispositif, 65 % sont venus à l’entretien préalable, et 25 % ont participé aux séances de groupe.

Le nombre de mis en cause qui ont participé à l’entretien préalable peut paraître important : 65 % des personnes orientées par le Parquet. On peut penser que malgré tout il eût été intéressant de garder cet entretien préalable. En fait, nous le supprimâmes pour des raisons d’efficacité, car l’entretien n’amenait pas davantage de participants aux séances de groupe, et pour des raisons financières mentionnées précédemment. Pourquoi, alors que 65 % viennent à l’entretien préalable, seulement 25 % participent aux séances de groupe ? On peut penser qu’il ne s’agit pas du même effort, que l’aspect facultatif n’incite pas au même élan, que le bénéfice à retirer d’une présence aux séances n’est pas évident… La forte présence à l’entretien est sans doute due à un besoin d’information sur les bénéfices d’une éventuelle participation au dispositif, à l’espoir de défendre sa cause et convaincre de sa bonne foi…