3.2.3.6. L’origine étrangère et la nationalité.

Durant les deux phases, les mis en cause de nationalité étrangère et les personnes françaises avec une origine étrangère59 orientées vers les groupes représentent de 30 à 40 % des personnes orientées. Ils sont dans un pourcentage similaire à participer aux groupes. Est-ce que le pourcentage important d’une population de nationalité étrangère serait due à la fragilité juridique de ceux-ci et leur volonté de montrer leur bonne foi devant la loi ?

Voici les pourcentages concernant la nationalité des 400 personnes orientées :

Tableau 23 – Nationalité des 400 mis en cause.
Française 75,9 %
Etrangère 18,9 %
Non renseigné 5,2 %
TOTAL 100%

Source : construit par l’auteur.

Nous ne disposons pas de données quantitatives précises sur l’origine étrangère des 400 personnes orientées sur le dispositif. Il aurait été particulièrement maladroit et stigmatisant de leur poser une telle question. Par contre nous avons cette indication par rapport à 54 participants aux séances des dix premiers groupes, car ils ont signalé au cours des séances eux-mêmes leur origine60. Il y a 15 participants sur 54 qui ont déclaré avoir une origine étrangère, soit 27,7 %.

De plus, il y a une corrélation entre la variable socioprofessionnelle et la variable origine étrangère, en effet, c’est dans les catégories « ouvrier, employé … » et « sans emploi » que l’on va trouver des personnes d’origine étrangère notamment maghrébine. Comment expliquer cette forte proportion de personnes ayant ces caractéristiques tant dans la population orientée par le Parquet que dans la population participant aux séances de groupe ? Les classes laborieuses sont-elles toujours des classes dangereuses ? Dans quelle mesure le facteur culturel, voire religieux influe-t-il sur les situations de violences ? Les justifications trouvées dans le domaine culturel permettraient-elles aux mis en cause de se garder d’une culpabilisation trop pressante de leurs actes ?

Autant de questions importantes que nous allons reprendre dans notre troisième partie dans laquelle nous discuterons l’hypothèse que l’origine étrangère, notamment maghrébine joue un rôle d’amplificateur dans les situations de violences conjugales.

En conclusion, dans les treize groupes, le nombre moyen de participants à la première séance a été de neuf. Ce chiffre est obtenu en divisant 117 - qui est le nombre total de participants à la première séance - par le nombre de treize groupes. Sur ces neuf participants, six sont restés à la totalité des cinq séances dans la phase expérimentale ou à au moins cinq séances et plus dans la deuxième phase. Sur ces neuf participants, trois ont donc abandonné avant la cinquième séance.

Dans l’ensemble des treize groupes, 79 hommes ont participé à cinq séances et plus.

La population des participants est tendanciellement plus âgée que celle des personnes orientées. Est-ce que la participation à un groupe motiverait davantage des personnes vivant depuis plus longtemps en couple et désireuses de rester avec la même conjointe ? Effet de l’âge sur l’intérêt d’une réflexion ?

Le profil-type des auteurs de violence du dispositif VIRAGE 61 serait :

Tableau 24 – Profil-type des 4OO mis en cause et des 79 participants.
Profil des 400 personnes orientées par le Parquet
Profil des 79 participants aux groupes
Sexe masculin idem
Agé de 20 à 45 ans 20 à 55 ans
Ayant les professions d’ouvrier, employé, artisan, ou de chauffeur routier. idem
De nationalité française idem
Ayant commis des actes de violence sur son épouse ou sa concubine idem
Actes donnant lieu à ITT de moins de 8 jours idem

Source : construit par l’auteur.

Nous venons d’étudier les caractéristiques de la population d’auteurs de violences conjugales orientés sur le dispositif VIRAGE.

Nous allons maintenant présenter le déroulement des séances de groupe.

Notes
59.

Par origine étrangère, nous comprenons les participants aux groupes qui ont indiqué qu’ils étaient issus de parents ayant émigré en France. Cela ne veut pas dire bien sûr qu’ils ne sont pas de nationalité française.

60.

La liste des 54 personnes figure avec des données dans les documents en annexe.

61.

Nous ne prétendons pas qu’il s’agit du profil-type des auteurs de violences conjugales mais des personnes qui ont été l’objet d’un dépôt de plainte sur la région stéphanoise, sur une période de 2002 à 2008.