4.2.2. En Espagne, le groupe des 25.

Dans un article daté de 2009, le groupe des 2562 présente ses réflexions issues d’une existence de plus de vingt ans. Le groupe des 25 a formulé dix critères de qualité pour l’intervention auprès des auteurs de violences conjugales.

Le premier critère est celui de l’explication de la violence de genre, les idées sexistes. Il s’agit de permettre aux participants de mieux comprendre les éléments structurels de la hiérarchisation des sexes, les relations de pouvoir et de leur justification. Le groupe des 25 qualifie ce type d’intervention de psycho-éducationnelle. Nous sommes proche de la dénomination de psycho-éducatif prônée par R. Coutanceau (2006). La prévention du risque de récidive, objectif essentiel pour les praticiens espagnols requière un travail de coordination entre toutes les structures concernées, qu’elles soient de nature policière, judiciaire ou éducative. Un deuxième critère porte sur la spécialisation des intervenants et la nécessité d’une supervision des pratiques. Une durée d’intervention d’au moins 100 heures sur un temps d’un an semble adéquate pour répondre aux objectifs fixés. D’abord il convient de garantir la sécurité des victimes potentielles, sécurité assurée par la précocité des interventions qui prendront en compte l’ensemble des dimensions du comportement.

Les praticiens espagnols recommandent un programme spécialisé adapté aux situations de crise conjugale. Ils rejettent les modèles psychothérapeutiques conventionnels, les thérapies de couple traditionnelles, les actions d’aide aux hommes, la pratique de la médiation, les actions déjudiciarisées. L’entrée dans le dispositif groupal ou individuel doit être précédée d’une évaluation individualisée afin de réaliser « un diagnostic psychosocial » (p. 117) pour mesurer le risque de violence, la présence d’autres problématiques et de prendre en compte l’histoire de vie du couple. Ensuite le travail individuel et groupal combiné semble le plus efficace durant lequel la femme victime peut être informée, interrogée, encouragée. Tout dispositif doit comporter une partie d’évaluation inhérente au programme lui-même afin d’en constater les effets positifs et négatifs. Dans le but de prouver la consolidation des comportements, une période d’évaluation de quinze mois postérieure à la fin des interventions est recommandée par le groupe des 25, durant cette période les victimes sont contactées pour faire part de l’évolution du couple.

Enfin, les intervenants espagnols affirment avec force que les programmes d’intervention ne peuvent être une alternative aux sanctions judiciaires.

Le groupe des 25 ont constaté que dans la mesure où l’ensemble de ces critères sont respectés, dans 80% des cas il n’y a pas de récidive de violence physique dans les trente mois consécutifs à la participation à un programme.

Notes
62.

Le groupe des 25 est un collectif de femmes et d’hommes qui travaillent dans le domaine de la prévention de la violence de genre. Ils sont psychologue, juriste, psychiatre, médecin légiste, psychothérapeute. Le groupe est représenté par Luis Bonino, psychiatre et directeur du CECOMAS à Madrid.