Le plan de cette quatrième séance est le suivant :
Un nouveau tour de table permet aux animateurs de repérer si certaines situations doivent être abordées, s’il y a des participants qui ont besoin de parler, s’il y a un trop-plein d’émotion.
Certains sont passés devant le Tribunal, d’autres attendent et se posent de nombreuses questions.
Nous construisons avec le groupe, le schéma de l’escalade de la violence :
| Temps 1 | Temps 2 | Temps 3 | Temps 4 | Temps 5 |
| Questions- reproches chez les deux conjoints |
Questions (les Piques 66 ) de la part de conjointe et évitement chez le conjoint | Phase de tension avec communication symétrique. | Dénigrement, Disputes avec insultes Désir de la conjointe de partir. |
Violence |
Source : construit par l’auteur.
Ce schéma permet de mettre en évidence qu’après une phase assez fusionnelle, le couple traverse une phase de négociation. Pourquoi négociation ? Les partenaires se connaissent mieux, constatent les avantages d’être deux tandis qu’affleure une certaine vision du négatif pour chacun, négatif qui va évoluer en terme de déception. Dès lors, l’enjeu du couple est de négocier cette déception mutuelle. En matière de négociation, la femme a acquis davantage d’habiletés, habiletés dues au contact et à l’apprentissage de sa propre mère et de ses amies. Pour l’homme, l’attitude est celle de l’évitement. Il accumule parfois silencieusement les Piques que lui envoie sa conjointe avec d’autant plus de force qu’il n’y répond pas. Il ne répond pas aux attentes de sa conjointe mais va chercher ailleurs – dans des occupations professionnelles prenantes, dans des activités de loisirs… - une revalorisation et une sécurité interne. Ces ailleurs sont autant de lieux « sécures » pour l’homme. Sans doute ainsi, l’homme se sent-il moins menacé et peut-être aussi moins menaçant.
La question des signes précurseurs est une question importante. L’expérience des groupes nous a appris que chaque personne pouvait percevoir ses propres signes précurseurs de la violence. Nous utilisons la technique des petits papiers. Nous distribuons un papier à chacun et nous lui demandons d’écrire, après avoir rappelé le contexte de la violence, le ou les signes précurseurs qui lui sont personnels. Ensuite nous allons rassembler les papiers et les écrire sur une grande feuille de paper-board. Nous engageons la discussion générale autour de cette liste. Certains vont découvrir avec les leurs d’autres signes.
Les participants se situent : ils reviennent sur les disputes parfois actuelles. Ils décrivent chacun à leur tour les signes physiques de l’escalade : l’accélération du cœur, le haussement de la voix, les cris, le corps qui se tend, les yeux… Les signes psychologiques sont nommés aussi : la colère qui monte, les mots qui manquent, le sentiment d’humiliation, la peur « d’être petit, méprisé ».
Nous allons pouvoir indiquer que ces signes peuvent aussi servir à leur conjointe qui si elle les connaît et les repère, peut dire « Stop ! ». La reconnaissance de ces signes précurseurs devient une sorte de méta-message - au sens systémique - indiquant la façon dont ces signes doivent être interprétés.
Les principaux signes précurseurs indiqués dans les groupes sont les suivants :
Avec les mots déjà très expressifs, beaucoup de gestes ! Les corps s’excitent.
La technique des petits papiers consiste à distribuer à chaque participant quelques feuilles de la dimension d’un quart d’une feuille ordinaire sur lesquelles il répond individuellement à des questions posées. Ensuite les animateurs recueillent les feuilles et inscrivent sur un paper-board les réponses pour les reprendre et les discuter. Cette technique a le mérite d’obtenir des réponses individuelles non influencées par le groupe.
Le terme de Piques a été trouvé par des participants et repris ici pour son aspect évocateur