4.3.1.7. La septième séance

Le plan de cette séance est le suivant :

La question de la loi a été abordée rapidement lors de la séance précédente. La directrice adjointe du SPIP intervient à cette septième séance. Elle présente une image de la Justice totalement opposée à celle qu’ils ont vécu, une image remplie d’humanité sans esprit de vengeance, mais avec la fermeté de l’interdit. Pour la directrice adjointe, la mission du SPIP est d’éviter l’incarcération qui est la plus mauvaise des solutions. Il y a de nombreuses questions car la directrice accueille toutes les remarques sans jugement péjoratif. Bien sûr, elle ne fait référence à aucun dossier et elle n’est pas là pour une consultation juridique. Elle introduit dans la discussion des arguments de réalité : qu’est ce que le sursis ? Pourquoi des différences entre les diverses condamnations ? Est-ce que les juges tiennent compte des situations personnelles des auteurs ? Et les enfants, pourquoi sont-ils confiés à leur mère ? Pourrai-je tourner la page ? Et mon casier judiciaire ?

Les animateurs développent tout le sens que prend la sanction, lors de cette séance. La sanction soulage en permettant de payer pour la faute commise. Le coupable n’est pas coupable toute sa vie. Les animateurs insistent sur le fait que la justice sanctionne un acte mais en aucun cas une mésentente conjugale et/ou un conflit entre personnalités. Durant cette séance, les animateurs vérifient la bonne compréhension de l’interdit de violences. Un des tournants dans l’évolution du groupe se situe lorsque les participants mettent en exergue le fait que le retrait de sa plainte par la femme victime de violence ne puisse pas arrêter la procédure judiciaire. Ceci contribue à poser un autre regard sur leur relation et les contraint à prendre conscience de l’existence incontournable de la loi qui vient faire tiers dans la relation conjugale et qu’ils ne peuvent ni l’un, ni l’autre éviter.

En dissociant les deux, faits et sentiments, on arrive à restaurer une partie de l'estime de soi en remplaçant culpabilité par responsabilité. La responsabilité suppose une vision claire et définitive des faits et un désir de dépasser les faits.

Pour 99 % des participants au dispositif VIRAGE, la sanction judiciaire sera la prison avec sursis. Là encore l’intérêt du groupe est d’amener une réflexion sur cette notion de sursis dont l’acception courante est d’éviter l’emprisonnement donc une tonalité plutôt positive. En fait, pour les auteurs de violences conjugales que nous avons rencontrés dans ces groupes, la tonalité est plutôt celle de l’anxiété. Le jugement sursitaire induit la réflexion "on n'a plus le droit à l'erreur" comme si une épée de Damoclès était en permanence au-dessus du condamné. Dès lors, se pose la question essentielle, abordée dans les séances suivantes, du changement. Si la violence, si frapper est interdit, quelle attitude, quel comportement serait acceptable ?