4.4.2.3. Les facteurs d’aide au changement

Sur les facteurs d’aide au changement dans les groupes d’auteurs de violences conjugales, nous disposons d’une étude québécoise réalisée par Turcotte (2006). Quels sont les modalités de cette étude québécoise effectuée à partir d’un questionnaire ? Une population de 72 personnes a été soumise à un questionnaire à la fin des groupes sur les facteurs d’aide au changement. Ces 72 personnes provenaient de trois organismes d’aide aux conjoints violents de l’Est du Québec. Dans sa conclusion, Turcotte indique que : « La connaissance de soi est le facteur jugé le plus important, autant au début qu’à la fin de leur thérapie. De même, les facteurs de l’altruisme, de la cohésion, de l’apprentissage par imitation et de la récapitulation par famille sont considérés, mais de façon moins importante » (2006, p. 101)

Les termes de « connaissance de soi » sont suffisamment explicites - La phrase représentant la connaissance de soi est la suivante : « Le groupe m’aide parce que j’apprends à mieux me connaître et à mieux comprendre ce que je vis ».

Il convient de préciser les sens des autres facteurs :

Le facteur « connaissance de soi » est en fait un facteur complexe. Il porte sur l’amélioration de la connaissance de sa personnalité mais aussi sur le vécu, les évènements vécus par le sujet.

Pour notre part, cette dimension expérientielle a été constatée plus haut : ce facteur est en même temps dans notre dispositif, un objectif de groupe est essentiel.

Il est intéressant de noter que lorsque l’on interroge les 72 personnes avant leur participation au groupe, ce sont deux autres facteurs qui arrivent en tête : le partage d’information et l’universalité.

Le partage d’information est énoncé de la façon suivante : « Le groupe m’aide parce que je reçois des conseils et des informations pour m’aider à régler mes problèmes ».

L’universalité est énoncé ainsi : « Le groupe m’aide parce que je réalise que d’autres personnes ont des problèmes et que je ne suis pas le seul à vivre des difficultés ».

Les différences entre les deux choix – avant et après le groupe – peut s’expliquer par une première vision utilitariste et sécurisante proche de celle que nous notions dans le « Je suis venu pour voir ! ». Le deuxième choix est issu d’un vécu de groupe, forcément marquant et influençant.

Nous allons comparer ces données avec celles recueillies dans le cadre de VIRAGE par questionnaire auto-administré à la fin des groupes auprès d’un échantillon de 21 personnes. Ces 21 participants appartiennent à trois groupes différents. Les facteurs d’aide au changement que nous avons retenus pour le questionnaire figurant en annexe sont les suivants :

Chaque facteur a fait l’objet d’une note sur quatre (quatre étant le maximum) donnée par les participants. La note maximale est donc 84. Nous obtenons le classement suivant, du facteur le plus important au facteur le moins important :

Tableau 31 – Les facteurs de changement.
Facteurs d’aide au changement Nombre de points sur 84
L’acceptation par le groupe 83
Se sentir écouté 81
L’expression de mon expérience personnelle 79
Les échanges du groupe 77
L’aide à ma réflexion 74
L’expression de ma vision de la violence conjugale 72

Source : construit par l’auteur.

Les résultats de ce questionnaire proposé aux participants de trois groupes à la fin de la dixième séance, bien que limités, sont intéressants car ils justifient largement la raison d’être de ces groupes. Les participants ont été fortement sensibles à l’attitude et au non-jugement des animateurs et du groupe, à l’acceptation de leur personnalité par le groupe, à l’écoute de tous. Le groupe d’une certaine façon induit des attitudes positives et très différentes de celles du processus judiciaire.