4.4.2.4. Des effets thérapeutiques associés au modèle psycho-éducatif.

Si le modèle psycho-éducatif comporte une approche éducative portée par une succession de thématiques déclinées plus haut, ce modèle comporte aussi une approche psychologique où les effets thérapeutiques sont recherchés. Chaque participant devient progressivement un interlocuteur, non pas au sens du dialogue, mais dans un sens  Meta . Il devient persuadé de l’intérêt de sa parole, voire de l’intérêt de sa propre existence.

Nous voudrions citer une anecdote. Un participant lors d’un tour de table dans les premières séances nous indique que son épouse « va mieux ». « Elle a changé, nous dit-il ». Surpris par cet effet rapide et magique, le groupe éclate de rire devant cette affirmation surprenante. Ce début de changement que nous notions chez ce participant a-t-il induit un nouveau comportement, moins de méfiance, davantage de sécurité, chez sa compagne. Effet systémique que ce participant attribuait à l’autre et dont il était l’origine…

Quel sont les conditions de ces effets thérapeutiques complémentaires du modèle psycho-éducatif?

Il faut un groupe contenant, élaboratif, réflexif, et interactif.

L’application de ces conditions passe par plusieurs étapes que nous voudrions décrire :

Pour reprendre une terminologie de Watzlawick (1975), notre action peut prendre effet à deux niveaux différents : le niveau 1 prend place à l’intérieur du système donné de chaque participant, tandis que le niveau 2 vise à un changement du système lui-même. Nous pourrions donner deux exemples du niveau 2 :

La troisième étape est un retour vers le système de référence du sujet. Les participants du groupe perçoivent assez rapidement la démarche et dès la troisième séance de groupe, ils deviennent eux-mêmes acteurs de la démarche soit en proposant une perception de la situation en cause, soit en proposant des solutions, soit en faisant des associations avec leur cas personnel. Le travail en groupe permet l’apprentissage d’une position « Meta ». Cet apprentissage est renforcé par le travail en photo-langage.

L’hypothèse de base qui est la nôtre dans l’animation des groupes est que chaque participant va reproduire auprès des animateurs les attitudes qu’il a mis en œuvre dans la crise que traverse son couple : par exemple, un comportement d’évitement du conflit et en parallèle comportement de victime dans le groupe. La progression sera un changement d’attitude : de passif à actif. Actif dans la recherche de solutions, dans l’affirmation de lui-même.

La reproduction des mêmes attitudes va de pair avec la reproduction des mêmes tentatives de solutions : « Nous croyons plutôt que les gens persistent dans des actions qui maintiennent le problème par inadvertance et souvent avec les meilleures solutions. » (Seron & Wittezaele, op. cit. p. 126). Nous utiliserons dans les séances des outils de thérapie brève, notamment des outils centrés sur les solutions. Cela contribuera à objectiver des problèmes et à créer chez les participants une certaine distance. La thérapie brève propose au sujet de faire l’expérience d’une autre situation dont il va éprouver la satisfaction et l’efficacité. C’est ce que nous proposerons dans les exercices des dernières séances.

Que veut dire « Adossé à la Loi »  dans un contexte de thérapie brève ? Serait-ce paradoxal ou contradictoire de brandir un interdit et en même temps de penser que chaque sujet a ses propres solutions pour s’en sortir ? Nous pensons que cette question est essentielle, car elle situe parfaitement l’intentionnalité de la stratégie de changement. Notre modèle n’est pas issu de la non-directivité rogérienne. Notre approche part de faits de violence en l’ouvrant sur d’autres solutions. Le passage à l’acte violent réalisé par les participants est un non-choix pour la plupart car il résulte de l’aboutissement de la mise en œuvre de tentatives de solutions inefficaces.