2.2.6. A la recherche d’une évaluation fiable.

Certains outils utilisés pour l’évaluation des groupes se sont avérés peu fiables : c’est le cas notamment du questionnaire utilisé à la dernière séance, à chaud, où les participants répondent pour faire plaisir aux animateurs et donner ainsi une bonne image d’eux-mêmes. Pourrait-on contourner ce biais en faisant passer un questionnaire plusieurs mois après le groupe ? Cette idée bien qu’intéressante s’avère difficile dans la pratique car les adresses et les numéros de téléphone des participants changent rapidement. Si nous leur remettions ce questionnaire à la fin de la dernière séance, nous ne sommes pas sûr de pouvoir récupérer le document quelques mois après.

L’analyse des effets des groupes montre que prioritairement ces derniers s’adressent à des changements psychologiques, comportementaux et cognitifs. En quoi la commande sociale a induit spontanément chez les concepteurs du dispositif, l’idée que ce dernier devait viser à la production d’un individu capable d’autorégulation ? Capable de se responsabiliser ? Capable de mettre en œuvre des attitudes relationnelles de dialogue ?

Si les termes de prévention sociale étaient définis comme toute mesure susceptible d’éviter tout comportement ou tout événement considéré socialement (et historiquement) comme inutile, nuisible ou dommageable pour la vie sociale, alors un dispositif comme VIRAGE, mais aussi bien d’autres similaires, seraient pertinents pour répondre à cette demande.

L’individu au comportement autorégulé est inséré dans une normativité sociale, mais il y répond de façon spécifique, en intériorisant ces normes, en les faisant siennes comme si elles lui étaient uniques, particulières, comme si lui-même les avait créées. Illusion, manipulation, va-t-on dire ! Examinons le processus socio-historique qui a conduit à ce nouveau positionnement.