Nous porterons plus particulièrement notre attention sur la gestion des interdépendances entre les différents dispositifs territoriaux à l’œuvre dans les Pays Beaujolais et Roannais. Parce que dans un domaine d’activité aux frontières floues comme le développement territorial, piloté à de multiples niveaux, où concurrence institutionnelle et coopération coexistent, la recherche de cohérence suppose la mise en place d’un cadre cognitif partagé et de procédures qui orientent le comportement de la pluralité des acteurs. En conséquence nous étudierons la combinaison des facteurs de production des contrats d’action publique et leurs mécanismes de liaison plutôt que leur substance. Ce parti pris s’explique par le fait que dans le développement territorial qui oscille entre volontarisme et indétermination, où il s’agit de créer les conditions de l’activité économique, sociale ou culturelle plutôt que l’activité elle même, la combinaison d’instruments et leur coordination peut tenir lieu de politique.
Aussi dans l’étude de la production des instruments et cadres cognitifs de l’action par l’ingénierie territoriale82, nous interrogerons-nous sur le sens à donner à la multiplication et à la circulation des instruments de gouvernance et des savoir faire professionnels. Que nous dit l’ingénierie territoriale des relations entre l’État en recomposition et le pouvoir local en quête d’autonomisation ? Comment articule-t-elle le niveau local et le niveau central ? A quelle fin ?
La prise en compte des instruments, des savoirs d’action est directement tirée des travaux de Madeleine AKRICH Michel CALLON et Bruno LATOUR pour lesquels les sciences et les scientifiques ne cessent de faire parler les entités non humaines à travers les instruments scientifiques de mesure, d’observation, de s’en faire les porte-parole sans les intégrer dans leurs analyses.
AKRICH M., CALLON M. LATOUR B, Sociologie de la traduction. Textes fondateurs, Presses Mines Paris, 2006, 303p.