Démarche

Analyser les milieux d’action

Notre approche est microsociologique et inductive. Elle « s’intéresse prioritairement aux régularités ou aux logiques qui sous-tendent certains comportements individuels et interindividuels (interactions, communications, relations de pouvoirs, mode de sociabilité...) dans l’analyse des effets structurants des événements politiques comme les élections, l’imbrication des espaces politiques et l’intrication du social et du politique » 97.

Sa « prétention à monter en généralité » est moins grande que l'approche macrologique dans la mesure où elle rend difficile le cumul des résultats de recherche. Elle pose la question de la perte de précision et d’approfondissement liée à la généralisation98. L’alternative en science sociale est relativement simple à comprendre : soit l’extension d’un concept se fait au détriment de sa richesse empirique, soit la contextualisation réduit la capacité d’embrasser différentes situations sociales99.

En outre, dans le sillon de Bernard LAHIRE, nous pensons que « les différentes constructions de l’objet ne parlent pas des mêmes choses et ne peuvent prétendre – quoi qu’en disent leurs défenseurs- rendre raison des mêmes réalités. A chaque échelle de contexte correspond un ordre de complexité d’informations pertinentes qui ne sont pas ceux que travaillent d’autres chercheurs à partir d’autres échelles. Aucune théorie, aucune construction de l’objet ne permettra jamais d’accéder aux pratiques réelles, au réel tel que lui-même »100.

Enfin, le souci théorique n'en est pas absent, il prend pied dans un travail empirique profond source du jugement assertorique.

Notes
97.

SAWICKI F. « Les politistes et le microscope » dans CURAPP Les méthodes au concret, Démarches, formes de l’expérience et terrains d’investigation en science politique, PUF, p 145. L’auteur, s’interrogeant sur la portée du microscope en sociologie politique, cherche à établir un panorama « des principaux objets politologiques que les approches microscopiques invitent à interroger sinon à construire ». Il en dégage cinq : La production des affiliations et des identités sociales et politiques, la production des institutions et des règles institutionnelles, les effets structurants des conjonctures et des événements politiques, l'imbrication des espaces politiques, l'intrication du social et du politique.

98.

MUSSELIN C. «  Sociologie de l’action organisée et analyse des politiques publiques : deux approches pour un même objet ? » Revue française de science politique vol 55 n°1 de février 2005.p 67 : « Comment, en effet rendre compte de la contingence et de l’irréductibilité spécificité des objets étudiés tout en les insérant dans un cadre interprétatif global ? Ce que l’on gagnerait en généralisation vaut-il ce que l’on perdrait en précision et en approfondissement ? Ne risque-t-on pas de devoir recourir à des concepts très lâches qui permettraient certes de mettre un nom générique sur les choses (et, en cela sont utiles), mais pas d’en avoir une analyse compréhensive ?»

99.

WEBER M. Essais sur la théorie de la science, Paris, Pocket, col Agora, 1992, p 152.

100.

LAHIRE B. L’homme pluriel. Les ressorts de l’action, Paris, Armand COLIN 2005, (1998), p 246.