Cette orientation a été présentée par M. Thierry CORNILLET, vice président UDF de la Région177, aux élus du Pays Beaujolais en septembre 2001, comme reposant sur « des critères exhaustifs sans choix partisans, par l’INSEE qui a ainsi créé 27 bassins économiques sur la région 178 . Les élus locaux ont fraîchement accueilli la « délimitation/dé-limitation » retenue par la Région sur la base de la zone d’emploi de Villefranche sur Saône. Outre que l’édile régional confond zone d’emploi et bassin économique, ilapparaît que ce zonage INSEE n’est pas dénué d’arrières pensées politiques et institutionnelles. En effet, les méthodes de définition et classification de ces territoires fonctionnels varient d’une Région à l’autre, sur la base de critères multiples et respectent ou non les limites départementales. Voici ce qu’en dit un des chefs de projet INSEE Rhône-Alpes qui ont coordonné la commande du Conseil régional intitulée « Portrait de territoires », présentation synthétique de quatre pages des tendances économiques et démographiques des CDRA/CDPRA :
‘« R En plus, la notion de bassin de vie, c’est vague. Il faut savoir ce qu’on entend par bassin de vie. C’était une notion à l’INSEE dans les années 80, qui était basée sur l’inventaire communal qui donne les équipements des communes et puis l’attraction liée à ces équipements. Mais il n’y avait pas de chose cohérente au niveau national. Dans certaines directions régionales, on avait défini les bassins de vie, dans d’autres on appelait ça des zones de chalandise, on avait des méthodes différentes d’une Région à l’autre. Avec l’inventaire de 1998, il y a eu une méthode nationale, on ne parlait plus de bassin de vie mais d’aire d’influence des pôles de services intermédiaires et de proximité. Par contre, la notion de bassin de vie, elle revient aujourd’hui, c’est ce qui est difficile, le terme était utilisé avant, mais pas du tout pour la même chose. Et depuis un an ou deux, l’INSEE réfléchit, dans le cadre d’une commande de la DATAR, à une définition du bassin de vie de bourgs et de petites villes, donc, on retrouve la notion de bassin de vie. Et c’est une maille plus petite plutôt adaptée à l’espace rural, ça poserait des difficultés de se baser sur cette maille là.Bien que le recensement de 2004-2006179 constate pour Rhône-Alpes un gain de 300 000 habitants depuis 1999, les zones d’emplois n’ont pas été redéfinies. Leur validité statistique prête à discussion.
Zonage et rationalisation de l’action publique :
On pourrait cependant interpréter l’insistance de la Région à articuler ses interventions sur la base des zones d’emplois comme une tentative de rationalisation de ses interventions, en favorisant la convergence des périmètres contractuels.
Ainsi dans le protocole d’accord État – Région du 5 juillet 2005, l’État (Préfecture de Région et Rectorat) et la Région Rhône-Alpes ont convenu de chercher une mise en œuvre convergente du Plan de cohésion sociale (État) et du Plan régional pour l’emploi (Région Rhône-Alpes).
Son préambule, constatant l’urgence de la situation de l’emploi, commande que « la nécessaire optimisation des moyens et l’amélioration de l’efficacité des politiques d’emploi, de formation et d’insertion amènent à rechercher, dans le respect des compétences des différents acteurs, une articulation plus étroite entre ces différentes politiques, une complémentarité plus forte entre les outils et instruments mis en œuvre, ainsi qu’une adaptation plus pertinente aux besoins des publics, des entreprises et des territoires.
Dans cette optique et par le présent protocole, l’État et la Région Rhône-Alpes entendent manifester leur volonté de coopérer, selon des principes communs à une territorialisation renforcée de leurs politiques d’emploi et de formation. »
L’article premier fixe « les principes généraux de l’action en faveur d’un renforcement de la territorialisation des politiques d’emploi et de formation ».
Ces principes se résument ainsi : c’est sur un périmètre commun que diagnostics partagés et plans d’action doivent être définis de manière complémentaire.
Dans la mise en œuvre conjointe du CTEF (Région), de la Maison de l’emploi (État) et du programme SECURISERA (gestion prévisionnelle des ressources humaines pour les entreprise de moins de 50 salariés) prévu au CDRA, l’enjeu consiste à amener tous les acteurs concernés par l’emploi formation, tant au niveau de l’État qu’au niveau local à construire une vision partagée de l’emploi sur une Zone Territoriale Emploi Formation (ZTEF)180. Le tout en intégrant l’ensemble des domaines concourant au fonctionnement du marché du travail : l’insertion des demandeurs d’emploi, l’entreprise (gestion des ressources humaines ou développement…), la formation, la création d’activités et la création d’entreprises181.
CORNILLET Thierry, vice- président (UDF) de la Région en 1999, président du Parti radical valoisien en 1997, maire de Montélimar entre 1989 et 1999, ancien député de la 2ème circonscription de la Drôme (1993-1997), élu député au Parlement européen en 1999.
« Frontières mouvantes » à propos des périmètres du Pays Beaujolais, www.leprogres.fr , édition du 15 septembre 2001.
INSEE, La France et ses régions, Edition 2006 p 134-138 et 152-154, la population de Rhône-Alpes est passée de 5,64 millions en 1999 à 5,9 millions en 2004.
Le découpage des Zones Territoriales Emploi Formation (ZTEF) sert de support à la construction des diagnostics partagés État-Région pour une action territoriale en faveur de l’emploi et de la formation. Extrait des diagnostics des CTEF du Roannais et du Beaujolais sur www.prao.org . Consulté le 11 décembre 2007.
Capitalisation de la démarche territoriale État-Région. Analyse de la démarche, Septembre 2007, PRAO, www.prao.org . Consulté le 12 mars 2008.